La remise du Nobel de physique aux Japonais Makoto Kobayashi et Toshihide Maskawa a suscité une grande stupeur en Italie. Les scientifiques italiens sont en révolte parce que le prix a été remis pour la découverte indiquée génériquement, dans le milieu scientifique et universitaire, sous le nom de matrice Cabibbo-Kobayachi-Maskawa (ou matrice CKM des initiales des trois chercheurs). Or le vrai père de la découverte, le Pr. Nicola Cabibbo, n’a pas même été mentionné.
Roberto Petronzio, président de l’Institut national de Physique nucléaire d’Italie, Luciano Maiani, président du Conseil national de la Recherche, Enzo Boschi, président de l’Institut national de Géophysique et de Volcanologie, figurent parmi les sommités qui ont souligné que le Nobel aurait dû revenir d’abord, voire exclusivement, à Nicola Cabibbo.
Celui-ci, ancien professeur de physique des particules élémentaires à l’Université de Rome, a été président de l’Institut national de Physique nucléaire et de l’Agence de recherche et de développement (ENEA).
Il est aussi, depuis 1993, président de… l’Académie pontificale des Sciences.
Fabio Malaspina, enseignant en physique à l’Université européenne de Rome, se demande si l’exclusion de Cabibbo n’est pas due au fait qu’il est catholique : « Nous espérons qu’à l’avenir, le Comité rendra publiques les motivations de ce choix surprenant, autrement il amplifierait les rumeurs qui voient, après l’attribution du prix à Mère Teresa de Calcutta, les catholiques exclus a priori de la compétition ».
A la question de savoir pourquoi les catholiques seraient victimes de discrimination, Malaspina a répondu : « L’attribution du prix à Cabibbo aurait peut-être mis sous un jour nouveau le fait que de nombreux croyants ont été de grands scientifiques et que la science et la foi ne s’opposent pas comme certains mathématiciens qui jouissent d’amples espaces dans les médias tentent de nous le faire croire. Peut-être et malheureusement sont-ce les mêmes attitudes mentales, les mêmes incrustations culturelles qui ont maintenu le Pape hors de “La Sapienza” et le physicien Cabibbo loin du prix Nobel. »