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Ossétie…

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Il est étonnant de voir combien certains Français prennent parti, de façon virulente, dans la guerre en Ossétie du Sud (la deuxième depuis 1991). Il me semble pourtant que c’est le genre de conflit que l’on peut regarder de loin. Il est significatif que même l’annonce d’une attaque russe sur l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) n'a pas provoqué de réaction sur les prix du pétrole, qui ont poursuivi leur baisse et touché ce matin le seuil de 110 dollars le baril, le plus bas depuis fin avril. Alors que les prix du pétrole sont extrêmement sensibles à tout événement international, et que ce devrait être particulièrement le cas quand il s’agit de cette région, le flegmatisme du marché devrait donner à réfléchir.

Mon autre étonnement vient du fait qu’à notre époque hautement technologique, on ne sait toujours pas ce qui se passe dans un conflit armé. Comme c’est la règle depuis la nuit des temps, les adversaires s’accusent mutuellement des pires horreurs sans que personne n’en apporte de témoignage authentique d’un côté ou de l’autre.

L’Ossétie du Sud, qui se veut indépendante, est peuplée de 70.000 habitants (sic), dont les deux tiers (les Ossètes) ont un passeport russe (les autres sont géorgiens). Elle est coupée de l’Ossétie du Nord (700.000 habitants) par des sommets du Caucase (cols à plus de 2.000 mètres). Géographiquement, l’Ossétie du Sud est géorgienne, et elle avait été intégrée par Lénine à la Géorgie soviétique. Aujourd’hui les Ossètes du Sud demandent leur rattachement à la Fédération de Russie. C’est comme si les Slovènes d’Autriche, qui sont beaucoup plus nombreux que les Ossètes du Sud, et qui sont séparés de leurs frères par les Alpes, faisaient la guerre pour exiger leur rattachement à la Slovénie.

La différence est évidemment que l’Ossétie du Sud se trouve sur la ligne de fracture entre la Russie et la zone d’influence américaine. Il y a même eu des combats entre soldats russes et soldats américains sur le territoire ossète. Et c’est bien entendu le danger majeur que fait peser ce conflit. Les Russes sont très irrités de voir l'empire américain s'étendre dans les anciens territoires soviétiques d'Ukraine et de Géorgie, et ils avaient prévenu que l'affaire du Kosovo ne resterait pas sans suite...

Ce conflit se double du conflit abkhaze, qui vient lui aussi de ressurgir. L’Abkhazie, que les Russes appellent « la Riviera géorgienne », faisait partie de l’empire ottoman (les Abkhazes étaient devenus musulmans) lorsqu’elle fut conquise par les Géorgiens. Puis elle est passée sous tutelle russe au début du XIXe siècle. 60% des Abkhazes musulmans ont alors rejoint la Turquie. En 1931 Staline a fait de l’Abkhazie une république autonome au sein de la Géorgie soviétique. En 1989, sur 500.000 habitants, il y avait 17% d’Abkhazes et 48% de Géorgiens. Lors du conflit de 1993, de très nombreux Géorgiens ont été contraints de quitter le territoire de la « République d’Abkhazie ». Néanmoins, aujourd’hui, les Abkhazes ne représentent qu’entre 30 et 40% de la population selon les sources, face aux Géorgiens et aux Arméniens (ce que ne montre pas la carte ci-dessus). La majorité des Abkhazes ont un passeport russe.

Et puis il y a encore le problème de l’Adjarie, provisoirement réglé en 2004 après la révolte de la population contre le dictateur Aslan Abachidzé qui avait fait sécession. (L’Adjarie est peuplée de Géorgiens, mais avait été conquise par l’empire ottoman et était devenue musulmane. Elle fut conquise par la Russie au XIXe siècle et les Soviétiques en firent une république autonome de la Géorgie. Elle s'est rechristianisée depuis la fin de l'empire soviétique.)

Dans tout cela on constate surtout le poids de l’histoire, et la stupide légèreté de ceux qui croyaient voir la fin de l’histoire après la chute de l’empire soviétique…

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