Les discours et homélies du pape lors des JMJ ont été naturellement passés sous silence par les médias. Il s’agissait pour l’essentiel d’une sublime catéchèse sur le Saint Esprit. Ceci explique cela. Tout catholique doit lire et méditer les propos du pape, au moins son homélie de la messe de clôture. C’est aujourd’hui très facile par internet, puisque ces textes sont en français sur le site du Vatican. Et comme je l’ai déjà souligné, Benoît XVI est toujours bref et concis.
Voici quelques extraits qui m’ont marqué.
C’est l’Esprit qui donne la sagesse pour discerner le juste chemin et le courage pour s’y engager. C’est Lui qui couronne nos pauvres efforts par ses dons divins, comme le vent qui, gonflant les voiles, fait avancer le navire, dépassant de beaucoup ce que les rameurs pourraient obtenir par leurs rudes efforts sur les rames. L’Esprit rend ainsi capables des hommes et des femmes de tout lieu et de toute génération de devenir des saints. Puissent les jeunes ici réunis pour la Journée Mondiale de la Jeunesse avoir le courage, sous l’action de l’Esprit, de devenir des saints ! Voilà ce dont le monde a besoin, plus que de tout autre chose.
(Cérémonie d’accueil au palais du gouvernement)
Pour les personnes de votre âge, chaque vol aérien est une perspective attrayante. Mais, pour moi, ce vol a été dans une certaine mesure cause d’appréhensions. Pourtant, d’en haut, la vue de notre planète fut quelque chose de vraiment magnifique. Le miroitement de la Méditerranée, la magnificence du désert nord-africain, la forêt luxuriante de l’Asie, l’immensité de l’Océan Pacifique, l’horizon sur la ligne duquel le soleil se lève et se couche, la splendeur majestueuse de la beauté naturelle de l’Australie, dont j’ai pu jouir au cours de ces derniers jours ; tout cela suscite un profond sentiment de crainte révérencielle. C’est comme si nous capturions de rapides images sur l’histoire de la création racontée dans la Genèse : la lumière et les ténèbres, le soleil et la lune, les eaux, la terre et les créatures vivantes. Tout cela est « bon » aux yeux de Dieu (cf. Gn 1, 1-2, 4). Plongés dans une telle beauté, comment ne pas faire écho aux paroles du Psalmiste quand il loue le Créateur : « Qu’il est grand ton nom par toute la terre » (Ps 8, 2) ?
Mais il y a bien plus encore, quelque chose que, du ciel, il nous est difficile de percevoir : des hommes et des femmes créés rien que moins à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26). Au cœur de la merveille de la création, nous nous trouvons, vous et moi, la famille humaine « couronnée de gloire et d’honneur » (cf. Ps 8, 6). Quelle merveille ! Avec le psalmiste, nous murmurons : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? » (cf. Ps 8, 5). (…)
Beaucoup prétendent aujourd’hui que Dieu doit être laissé de côté et que la religion et la foi, acceptables sur le plan individuel, doivent être, ou exclues de la vie publique, ou utilisées uniquement pour poursuivre des objectifs pragmatiques limités. Cette vision sécularisée tente d’expliquer la vie humaine et de modeler la société en se référant peu ou sans se référer du tout au Créateur. Il est présenté comme une force neutre, impartiale et respectueuse de chacun. En réalité, comme toute idéologie, le sécularisme impose une vision globale. Si la présence de Dieu est insignifiante dans la vie publique, alors la société pourra être modelée d’après une image dépourvue de Dieu. Mais quand Dieu est éclipsé, notre capacité de reconnaître l’ordre naturel, le but et le « bien » commence à s’évanouir. Ce qui avec ostentation a été promu comme conquête de l’intelligence humaine, s’est bien vite manifesté comme folie, avidité et exploitation égoïste. (…)
Les préoccupations au sujet de la non-violence, du développement durable, de la justice et de la paix, de la protection de notre environnement sont d’une importance vitale pour l’humanité. Tout cela, cependant, ne peut être compris sans une profonde réflexion sur la dignité innée de toute vie humaine, de la conception jusqu’à la mort naturelle, dignité qui est conférée par Dieu lui-même et qui est, par conséquent, inviolable.
(Fête de l’accueil des jeunes)
Nous devons nous garder de la tentation de considérer la doctrine comme une cause de division et, par conséquent, comme un empêchement à ce qui semble être la tâche immédiate la plus urgente pour améliorer le monde dans lequel nous vivons. En réalité, l’histoire de l’Église démontre que la praxis non seulement est inséparable de la didaché, ou enseignement, mais qu’elle en découle au contraire. Plus nous nous efforcerons avec assiduité de parvenir à une compréhension commune des mystères divins, plus nos œuvres de charité parleront avec éloquence de l’immense bonté de Dieu et de son amour pour tous les hommes. (…)
Saint Paul enseigne que c’est dans la koinonia de l’Église que nous accédons à la vérité de l’Évangile et avons les moyens de la préserver, car la construction de l’Église « a pour fondations les Apôtres et les prophètes », Jésus lui-même étant la pierre angulaire (Ep 2, 20).
(Rencontre œcuménique)
Dans la liturgie de ce jour, l’Église nous rappelle que, comme cet autel, nous avons nous aussi été consacrés, mis « à part » pour le service de Dieu et la construction de son règne. Trop souvent, cependant, nous nous retrouvons immergés dans un monde qui voudrait mettre Dieu « de côté ». Au nom de la liberté et de l’autonomie humaine, le nom de Dieu est mis sous silence, la religion est réduite à une dévotion personnelle et la foi est écartée de la place publique. Parfois, une mentalité de ce genre, totalement opposée à l’essence de l’Évangile, peut même en venir à obscurcir notre compréhension de l’Église et de sa mission. Nous aussi, nous pouvons être tentés de réduire la vie de foi à une simple question de sentiment, affaiblissant ainsi sa capacité d’inspirer une vision cohérente du monde et du dialogue rigoureux avec les nombreuses autres visions qui concourent pour gagner à elles les esprits et les cœurs de nos contemporains.
Et pourtant l’histoire, y compris celle de notre temps, nous démontre que la question de Dieu ne peut jamais être tue, ainsi que l’indifférence à la dimension religieuse de l’existence humaine, en dernière analyse, diminue et trahit l’homme lui-même. (…) La foi nous enseigne qu’en Jésus Christ, Parole incarnée, nous parvenons à comprendre la grandeur de notre propre humanité, le mystère de notre vie sur la terre et le destin sublime qui nous attend au Ciel (cf. Gaudium et spes, n.24). La foi nous enseigne, en outre, que nous sommes des créatures de Dieu, faites à son image et à sa ressemblance, dotées d’une dignité inviolable et appelées à la vie éternelle. Là où l’homme est diminué, c’est le monde qui nous entoure qui est diminué; il perd sa signification ultime et s’écarte de sa finalité. Ce qui en ressort, c’est une culture non pas de la vie, mais de la mort. Comment peut-on considérer cela un « progrès » ? Au contraire, c’est un pas en arrière, une forme de régression qui, en définitive, assèche les sources mêmes de la vie, de l’individu comme de la société tout entière.
(Homélie de la messe avec les évêques et les séminaristes)
La société contemporaine subit un processus de fragmentation en raison d’un mode de pensée qui, par sa nature, a la vue courte, parce qu’il néglige l’horizon de la vérité – de la vérité concernant Dieu et nous concernant. En soi, le relativisme ne parvient pas à embrasser l’ensemble de la réalité. Il ignore les principes mêmes qui nous rendent capables de vivre et de grandir dans l’unité, l’ordre et l’harmonie.
L’unité et la réconciliation ne peuvent être atteintes par nos seuls efforts. Dieu nous a fait l’un pour l’autre (cf. Gn 2, 24) et nous ne pouvons trouver qu’en Dieu et que dans l’Église l’unité que nous cherchons. (…)
L’unité appartient à l’essence de l’Église ; elle est un don que nous devons reconnaître et que nous devons chérir.
(Veillée avec les jeunes)
Que veut dire recevoir le « sceau » de l’Esprit Saint ? Cela veut dire être marqués de façon indélébile, être transformés de manière inaltérable, cela signifie être des créatures nouvelles. Pour ceux qui ont reçu ce don, rien ne peut plus être pareil ! Être « baptisés » dans l’Esprit signifie être embrasés par l’amour de Dieu. Être « désaltérés » par l’unique Esprit (cf. 1 Co 12, 13), cela signifie être « rafraîchis » par la beauté du dessein de Dieu sur nous et sur le monde, et devenir à notre tour une source de fraîcheur spirituelle pour les autres. Être « scellés par l’Esprit » cela signifie, en outre, ne pas avoir peur de défendre le Christ, laissant la vérité de l’Évangile pénétrer notre manière de voir, de penser et d’agir, pendant que nous travaillons au triomphe de la civilisation de l’amour.
(Messe de clôture)
Dans l’Ancien Testament, Dieu s’était révélé de façon partielle et de manière graduelle, comme nous le faisons tous dans nos relations personnelles. Il fallait un certain temps au peuple élu pour approfondir sa relation avec Dieu. L’Alliance avec Israël a été comme un temps de séduction, de longues fiançailles. Le moment définitif arriva donc, le moment du mariage, la réalisation de la nouvelle et éternelle alliance. À ce moment-là, devant le Seigneur, Marie représente toute l’humanité. Dans le message de l’ange, c’était Dieu qui faisait une proposition de mariage avec l’humanité. Et, en notre nom, Marie dit son « oui ».
(Angelus)