Belle explication de Benoît XVI, à l’Angelus d’hier, à propos de l’apparente contradiction de l’Ecriture entre la nécessaire crainte de Dieu et l’amour qui bannit la crainte.
La peur est une dimension naturelle de la vie. Dès l'enfance on expérimente des formes de peur qui se révèlent par la suite imaginaires et disparaissent ; ensuite naissent d'autres peurs, qui ont des fondements précis dans la vie réelle ; celles-ci doivent être affrontées et surmontées avec l'engagement humain et la confiance en Dieu. Mais il y a ensuite, surtout aujourd'hui, une forme de peur plus profonde, de type existentiel, qui touche parfois à l'angoisse : elle naît d'un sentiment de vide lié à une certaine culture imprégnée d'un nihilisme théorique et pratique, diffus.
Face à l'éventail large et diversifié des peurs humaines, la Parole de Dieu est claire : qui « craint » Dieu « n'a pas peur ». La crainte de Dieu, que les Ecritures définissent comme « le principe de la vraie sagesse », coïncide avec la foi en Lui, avec le respect sacré de son autorité sur la vie et sur le monde. « Ne pas craindre Dieu » équivaut à se mettre à sa place, à se sentir maître du bien et du mal, de la vie et de la mort. Qui craint Dieu éprouve en revanche la sécurité de l'enfant dans les bras de sa mère (cf. Ps 130, 2) : qui craint Dieu est tranquille même au cœur de la tempête, car Dieu, comme Jésus nous l'a révélé, est un Père plein de miséricorde et de bonté. Qui l'aime n'a pas peur : « Il n'y a pas de crainte dans l'amour ; au contraire, le parfait amour bannit la crainte, car la crainte implique un châtiment, et celui qui craint n'est point parvenu à la perfection de l'amour » (1 Jn 4, 18). Le croyant ne s'effraie donc devant rien, car il sait qu'il est dans les mains de Dieu, il sait que le mal et l'irrationnel n'ont pas le dernier mot, mais que le seul Seigneur du monde et de la vie, c'est le Christ, le Verbe de Dieu incarné, qui nous a aimés jusqu'à se sacrifier lui-même, en mourant sur la croix pour notre salut.