Nicolas Sarkozy a annoncé hier, au soir de la nouvelle grève des enseignants, un projet de loi instaurant un « droit à l’accueil des enfants » dans les écoles primaires les jours de grève, et prévoyant que « les professeurs grévistes se feront connaître 48 heures à l’avance ».
Cette annonce a naturellement provoqué des réactions indignées de la gauche et des syndicats, qui dénoncent une insupportable atteinte au droit de grève. Et c’est à qui criera le plus fort sur ce thème, tandis que Bertrand Delanoë, se faisant le porte-parole des maires socialistes, affirme qu’une telle loi serait anticonstitutionnelle, car contraire à la libre administration des communes. C’est à l’employeur de s’occuper de l’organisation d’un service minimum, souligne-t-il, et l’employeur c’est l’Etat, qui ne peut pas transférer ses responsabilités sur les communes.
Il est amusant de constater que les nouvelles annonces de Nicolas Sarkozy continuent d’être l’objet de vives polémiques, alors qu’il est désormais abondamment prouvé que ce ne sont que des effets d’annonce, et non des projets réels.
Surtout quand le principal intéressé le dit lui-même. Pas de cette manière, mais ça revient au même.
La veille de la grève, Xavier Darcos avait déclaré qu’il ne s’agissait pas seulement d’une grève des enseignants, mais aussi d’une grève des maires socialistes, qui refusent d’organiser le « service minimum d’accueil » (SMA). D’où, évidemment, une polémique avec la gauche. Au conseil des ministres, Nicolas Sarkozy a félicité son ministre de l’Education, déclarant, selon un membre du gouvernement : « C’est très bien d’avoir lancé le débat sur le service minimum. Ce débat a permis de faire passer au second plan la grève en elle-même. C’est ça faire de la politique ! »
Faire de la politique, ce n’est pas résoudre les problèmes, c’est faire des annonces suscitant des réactions politico-médiatiques qui vont détourner l’attention du problème... D’où la multiplication ahurissante des annonces de Sarkozy, puisqu’il faut en inventer de nouvelles chaque fois que le problème, qui demeure intact, réapparaît sur le devant de la scène.