Extrait de l’homélie de Benoît XVI pour la Pentecôte
« Societas Spiritus », société de l'Esprit : c'est ainsi que saint Augustin appelle l'Eglise dans l'un de ses sermons (71, 19, 32 : PL 38, 462). Mais avant lui, saint Irénée avait déjà formulé une vérité qu'il me plaît de rappeler ici : « Là où se trouve l'Eglise, se trouve l'Esprit de Dieu, et là où se trouve l'Esprit de Dieu, là se trouve l'Eglise et chaque grâce, et l'Esprit est la vérité ; s'éloigner de l'Eglise signifie refuser l'Esprit » et donc « s'exclure de la vie » (Adv Haer. III, 24, 1). A partir de l'événement de Pentecôte se manifeste pleinement cette union entre l'Esprit du Christ et son Corps mystique, c'est-à-dire l'Eglise. (...)
Lors de l'événement de la Pentecôte il apparaît clairement que l'Eglise est faite d'une multitude de langues et de cultures différentes ; dans la foi, celle-ci peuvent se comprendre et se féconder réciproquement. Saint Luc veut clairement transmettre une idée fondamentale, c'est-à-dire qu'au moment même de sa naissance, l'Eglise est déjà « catholique », universelle. Elle parle dès le début toutes les langues, car l'Evangile qui lui est confié est destiné à tous les peuples, selon la volonté et le mandat du Christ ressuscité (cf. Mt 28, 19). L'Eglise qui naît lors de la Pentecôte n'est pas tout d'abord une communauté particulière - l'Eglise de Jérusalem - mais l'Eglise universelle, qui parle les langues de tous les peuples. De celle-ci naîtront ensuite d'autres communautés dans toutes les parties du monde, des Eglises particulières qui sont toutes et toujours des réalisations de la seule et unique Eglise du Christ. L'Eglise catholique n'est pas cependant une fédération d'Eglises, mais une réalité unique : la priorité ontologique revient à l'Eglise universelle. Une communauté qui ne serait pas catholique en ce sens ne serait même pas une Eglise.
A cet égard, il faut ajouter un autre aspect : celui de la vision théologique des Actes des Apôtres à propos du chemin de l'Eglise de Jérusalem jusqu'à Rome. Parmi les peuples représentés à Jérusalem le jour de la Pentecôte , Luc cite également les « Romains résidant ici » (Ac 2, 10). A cette époque, Rome était encore lointaine, « étrangère » pour l'Eglise naissante : elle était le symbole du monde païen en général. Mais la force de l'Esprit Saint guidera les pas des témoins « jusqu'aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8), jusqu'à Rome. Le livre des Actes des Apôtres se termine précisément lorsque Paul, à travers un dessein providentiel, arrive dans la capitale de l'empire et y annonce l'Evangile (cf. Ac 28, 30-31). Ainsi, le chemin de la Parole de Dieu, commencé à Jérusalem, parvient à son but, car Rome représente le monde entier et incarne donc l'idée que Luc a de la catholicité. L'Eglise universelle, l'Eglise catholique, qui est la continuation du peuple de l'élection et qui en reprend l'histoire et la mission, s'est réalisée.