Revêtu d'une chasuble blanche brodée de fils d'or et coiffé de la calotte rouge des cardinaux, l'archevêque de Paris, Mgr Vingt-Trois, a lancé hier, par une messe solennelle en ce jour de l’Ascension, les célébrations du 1.300e anniversaire du Mont-Saint-Michel. Car c’est en 708 que l'évêque Aubert, inspiré par des apparitions de l'archange, décide de construire un sanctuaire sur le Mont Tombe. Cette premère église sera consacrée en 709.
« Le 13e centenaire du Mont, c'est le signe de la continuité de la présence chrétienne en ce lieu de prière monastique qui a repris il y a quelques dizaines d'années et qui continue aujourd'hui. C'est le signe de la fécondité de la foi à travers la beauté du monument », a-t-il déclaré à la presse. (Cinq frères et cinq soeurs de la Fraternité monastique de Jérusalem sont installés en permanence à l'abbaye qui domine le Mont.)
Accompagné de huit évêques et de plusieurs dizaines de prêtres, l'archevêque de Paris a commencé la journée de célébration par un office religieux au pied du Mont. Sous un soleil radieux, ils ont ensuite gravi en chantant les 365 marches conduisant à l'abbaye. « Quel signe plus providentiel que d'ouvrir ce 13e centenaire le jour de la fête de l'Ascension, puisque celui qui contemple le Mont Saint-Michel voit combien il est un signe entre le ciel et la terre ? a déclaré Mgr Vingt-Trois en ouvrant la messe. Car aussi bien quiconque s'approche du Mont peut voir de ses yeux simplement ouverts comment il unit et la terre et la mer et le ciel : il se dresse comme un signe de la vocation que Dieu lance à tous les hommes de partager sa propre vie. C'est le sens de cette fête de l'Ascension quand le Christ ressuscité rejoint le sein du Père et entraîne avec lui l'humanité tout entière dont il est devenu l'un des membres à part entière. »
Dans sa belle homélie, il a dit notamment :
« Regardez cette image à partir de la base : à la fois harmonieuse mais large, solide dans son grès, plantée en terre et en mer, résistante au flux et au reflux, profondément enracinée, comme scellée au sol lui-même. Image de notre existence elle-même, plongée tout entière et comme collée aux contraintes, aux espérances et aux souffrances de cette vie. Quand nos yeux s'élèvent, nous voyons peu à peu se rétrécir ce monticule pour devenir une simple flèche dressée dans le ciel dans l'élégance de sa dentelle architecturale, comme si peu à peu, de cette expérience humaine, s'était dressée comme l'essence d'une réalité moins visible à la base et qui se dégage peu à peu vers le sommet pour donner la vision de la dynamique de l'élan de l'être vers la puissance de Dieu. Oui, au sommet du Mont, nous sommes plus proches de la réalité divine à laquelle Dieu nous appelle. »