On entend en boucle depuis hier, sur les radios et les télévisions, que l’armée française a libéré les otages des pirates de la mer par une opération menée « en accord avec les autorités somaliennes ». On affirme cela sans rire. Et personne ne demande : où ça, des « autorités » somaliennes ?
Voici quelques extraits d’un texte officiel du Quai d’Orsay (donc dans le style "diplomatique") sur la Somalie.
« Début janvier 2007, le Gouvernement Fédéral de transition (GFT) s’installe dans la capitale pour la première fois depuis 1991. 8 mois après, la situation sécuritaire à Mogadiscio demeure très dégradée. L’insurrection, composée d’anciens membres des Tribunaux islamiques alliés principalement à des membres du sous clan Hawiye/Haber Gidir/Eyr (principal clan s’opposant à celui du Président Yussuf, le clan Darod/Majerteen), est menée aujourd’hui par la milice islamiste radicale Hezb al Shabaab. Parallèlement, au niveau régional, les luttes inter-claniques pour des questions d’accès au pouvoir politique (postes de gouverneurs locaux) et aux ressources économiques (puits, terres) ont repris de plus belle.
« La piraterie aux larges des côtes somaliennes, à laquelle les Tribunaux islamiques avaient mis en terme en reprenant le contrôle des villages de pirates, prospère à nouveau depuis janvier 2007. Elle est devenue une entrave importante à la liberté maritime dans la région, et menace plus particulièrement l’approvisionnement en aide humanitaire de la Somalie. Dans ce contexte, la France a mis en place une opération d’escorte des navires affrétés par le Programme Alimentaire Mondial délivrant l’aide en Somalie.
« La conférence de réconciliation, reportée à trois reprises, s’est tenue à Mogadiscio entre le 15 juillet et le 30 août 2007. Mal engagée du fait de son manque d’inclusivité et de l’instabilité régnant dans la capitale somalienne, elle a toutefois permis de mettre en route un timide processus politique.
« (…) Le processus politique est aujourd’hui dans l’impasse. »