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Une victoire du camembert

Une bonne, goûteuse et authentique tradition française a remporté une belle victoire cette semaine : le camembert devra être fait au lait cru pour continuer d’avoir l’appellation d’origine contrôlée.

Cela remonte à la fin février, mais on ne l’a appris que cette semaine : l’association de défense et de gestion du camembert de Normandie a voté à plus de 55% en faveur du maintien du lait cru obligatoire pour la fabrication du camembert AOC.

Le conflit avait éclaté en mars 2007 lorsque Lactalis (Lanquetot, Lepetit) et Isigny-Sainte-Mère, qui produisent 80% des camemberts AOC, avaient annoncé l’abandon « momentané » de l’appellation après avoir échoué à demander que le lait cru ne soit plus une obligation. L’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité) avait dénoncé une tentative de chantage. Un comité de défense du véritable camembert de Normandie avait réuni des milliers de signatures pour « sauver le produit français le plus populaire dans le monde ». Des professionnels accusaient Lactalis et Isigny de vouloir faire modifier le décret de l’AOC parce qu’ils trichaient depuis longtemps, en chauffant ou en microfiltrant le lait. Après enquête, l’Inao reconnaissait l’existence de telles pratiques, chez les gros… mais aussi chez certains petits.

Pour résoudre le problème, l’administration créait l’Association de défense et de gestion du camembert de Normandie, qui s’est donc réunie et a voté pour le maintien de l’obligation du lait cru.

Lactalis tempête contre ce vote, dénonçant le fait que dans cette association les plus grands producteurs étaient minoritaires en nombre de voix…

Après le vote, une commission d’enquête de l’Inao a émis un avis qui sera présenté d’ici l’été à l’assemblée plénière du comité national des AOC. Un avis naturellement conforme au vote, mais qui n’était « pas public », fait savoir le ministère de l’Agriculture. Mais les petits producteurs étaient trop contents du résultat pour tenir longtemps leur langue, et Thierry Graindorge a lâché le morceau.

Il est temps que cette affaire prenne fin. Tout amateur de camembert aura pu remarquer que depuis le début du conflit les camemberts Lanquetot et Lepetit n’ont cessé de décliner, et ressemblent désormais aux camemberts au lait pasteurisé, alors qu’ils ont gardé les mêmes étiquettes, enlevant seulement (ce qui ne se voit guère) les mentions « au lait cru » et « AOC ». Si l’on veut un vrai camembert, il faut se tourner vers Graindorge, Gillot, Réault (Réo) ou Durand, pour n’évoquer que les plus connus et disponibles. Et lorsque l’Inao décrétera que seuls ceux-là sont de vrais camemberts, ce ne sera que justice.

Commentaires

  • « …l’association de défense et de gestion du camembert de Normandie a voté à plus de 55% en faveur du maintien du lait cru obligatoire pour la fabrication du camembert AOC. »

    Désolé, mais "plus de 55 %" (seulement) est loin de représenter une proportion rassurante, pour l'avenir.

    Je me demande, par ailleurs, de quelle circonstance atténuante, peuvent bien se prévaloir, les 45 % de « Non » ou de « Sans opinion », exprimés par les membres d'une "association de défense"(sic)...

  • Je crois que cette affaire est à suivre de près.Il est à craindre que les gros ''laitiers'' n'en reste là.Je rappelle egalement que la situation est identique dans la production de fromages de chèvre

  • Rien à voir avec le brie même si en effet MarieChristine HAREL a crée le camembert avec l'aide d'un prêtre réfractaire originaire de Brie, Jean-Charles Bonvoust.

    C'est aussi en l'honneur de ce prêtre non-jureur, qu'il fallait défendre le vrai camembert. Ce prêtre faisait partie de ces hommes fidèle à leur foi qui fuyaient les persécutions de la Révolution et traversaient la Normandie pour se se réfugier en Angleterre via Granville et Honfleur.

    Je ne te rappelle pas que la Normandie a comme la Bretagne toute une tradition contre-révolutionnaire (Barbey d'Aurévilly par exemple puisque tu parles de nos gloire littéraires)

    Tu vois que tout est lié et que défendre le camembert c'est aussi défendre "notre terre et nos morts".

    Et puis va visiter le laiterie à Isigny et puis celle de du Réo tu verras la différence.

    Si mes compatriote ne se battaient pas tu n'aurais plus sur ta table que cette merde pour Parisien : le "camembert" Président.

  • Beaucoup parmi vous expriment ce qu'ils voudraient bien être la réalité. Ils reprennent ici même la théorie du complot chère à de nombreux groupes constitués, souvent plutôt à gauche. Dans la réalité, le lait cru n'a plus de cru que le nom depuis bien longtemps. Les réglementations européennes successives ont abouti à un appauvrissement massif de sa flore et les normes ont divisé par 10 le nombre de germes utiles par millilitres en une vingtaine d'années. Il est donc peut-être cru mais produit par des vaches à la génétique industrielle, mangeant du soja issu de la forêt brésilienne et des compléments minéraux et vitamines issus des plus grandes firmes chimiques d'Europe, ne sortant que rarement au pré, émettant leur lait dans des tuyaux en matière plastique et en inox désinfecté deux fois par jour puis réfrigération et transport, pour arriver tellement pauvre naturellement en flore à l'usine qu'il faut le saupoudrer de ferment acheté dans les plus grands laboratoires de la planète. Alors cru oui mais mort! Continuez donc à croire à la victoire du lait cru braves gens, AOC ou pas, le camembert hyper normé s'avance à la demande du citoyen européen angoissé. Continuez donc à vous défouler, le marché a besoin de personnes d'un certain âge, avec un certain niveau de vie pour continuer à écouler un segment de produits dont l'avenir est réglé d'avance.

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