Dans son discours d’Epinal, Nicolas Sarkozy a essentiellement répété ce qu’il avait dit pendant la campagne sur la réforme des institutions qu’il veut mettre en œuvre, afin de garantir un « Etat fort » sous la conduite d’un Président qui gouverne directement, s’adresse directement au Parlement, etc.
La seule nouveauté est l’annonce de la mise en place d’un « comité de 12 à 15 membres », qui sera présidé par Edouard Balladur et devra lui « faire des propositions d’ici le 1er novembre ».
Comme on le savait déjà, il y aura des personnalités de gauche dans ce comité, et la France est suspendue aux lèvres de Jack Lang pour savoir si oui ou non il acceptera d’en faire partie. La réponse est oui, bien sûr, mais Jack fait planer un faux suspense qui lui permet d’être environné de journalistes et de passer à la télé deux fois par jour.
Quant à l’éloge appuyé de Nicolas Sarkozy à Jack Lang, il est d’une indécence politique... qui ne peut plus nous surprendre.
Selon le refrain désormais habituel, cette commission réfléchira « sans tabou » sur tous les sujets (article 16, 49-3, limitation du mandat, proportionnelle, etc.) Cette insistance sur l’absence de tabou apparaît de plus en plus comme une façon habile de verrouiller les tabous. L’appel aux personnalités de gauche est un élément de ce verrouillage.
Reste le symbole. Nicolas Sarkozy, soucieux, dit-il de s’inscrire dans la tradition gaulliste, a voulu prononcer son discours à Epinal parce que c’est là que Charles de Gaulle avait prononcé un discours, en septembre 1946, sur sa conception de la République.
La différence saute aux yeux. Ce n’est pas une différence, c’est un fossé. Les deux faits sont même antinomiques.
En 1946, la France recouvrait son indépendance. C’est après la Libération que de Gaulle exposait ses idées pour une nouvelle République.
Nicolas Sarkozy fait l’inverse. Il prétend vouloir un Etat fort et un Président qui gouverne, juste après avoir participé avec enthousiasme à l’élaboration d’un nouveau traité européen qui détruit la souveraineté des Etats membres de l’Union européenne, Etats déjà asservis par une Commission européenne qui fait que plus de 70 % de nos lois sont la transposition de ses directives, alors qu’en 1946 toutes les lois étaient des lois françaises.
Et aussi, comme si cela ne suffisait pas, il le fait juste après avoir insisté, par deux fois : par sa présence insolite à une réunion de l’Eurogroupe et par sa lettre de mission à Christine Lagarde, sur sa volonté de créer un gouvernement économique de l’Europe, ce qui va encore plus loin que le futur traité.
De Gaulle exposait ses idées sur un territoire libéré. Sarkozy expose les siennes deux jours avant un 14 juillet où les Champs-Elysées sont occupés par 26 armées étrangères, défilé qui se conclura par un hymne supranational.
Dans un tel contexte, le nouveau discours d’Epinal n’est qu’une nouvelle opération de communication destinée à tromper les Français, à leur faire croire que Sarkozy va imposer un pouvoir fort alors qu’il ne s’agit que d’une dérisoire apparence.
Commentaires
Hymne européen, qui de surcroît n'a pas d'existence juridique, a t'on appris à l'occasion du TCE bis.
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Drapeau UE sur le quai d'Orsay (votre post plus haut), qui n'existe pas non plus...
Les manipulateurs sont parmis nous et les français se laissent prendre à tout cela (fort peu médiatiés au demeurant). Triste année 2007.