Comme il s’occupe de tout, Nicolas Sarkozy voulait aller lui-même à la réunion de l’Eurogroupe, qui est une réunion des ministres des Finances de la zone euro, pour expliquer sa politique budgétaire, non conforme au « pacte de stabilité » de Maastricht et aux engagements précédents de la France quant à la réduction des déficits. En réalité, il voulait aussi et d’abord aller à Bruxelles pour lancer son idée super-européiste d’un renforcement de l’Eurogroupe en une structure politique de gouvernance économique de la zone euro. Et il voulait aussi se faire le champion de la candidature de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI.
Accueilli par de fermes critiques, tant de la part du commissaire européen que de plusieurs ministres des Finances, sur le fait qu’il repoussait à 2012 la date butoir pour supprimer les déficits publics alors que les pays de la zone euro ont arrêté la date de 2010, Nicolas Sarkozy s’est engagé à réduire le déficit à 2,4 % du PIB dès cette année et de le réduire encore l’an prochain, et a promis de ne pas relâcher ses efforts de consolidation budgétaire. Et si la croissance est supérieure aux prévisions, « on pourra être au rendez-vous de 2010 ». En attendant, il a dû s’engager à présenter un programme de stabilité actualisé en septembre, qui sera ensuite régulièrement révisé.
« Ce qu’on a obtenu va au-delà de ce que nous attendions », s’est félicitée une source communautaire, il a dû « mettre de l’eau dans son vin »...
En bref, Nicolas Sarkozy s’est plié aux exigences européennes tout en se gardant une marge de manœuvre.
Quant à sa proposition (à des ministres...) d’une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro en vue d’en faire une structure politique, elle n’a eu aucun écho favorable. Et la banque centrale européenne a naturellement profité de l’occasion pour rappeler son opposition absolue à un gouvernement économique qui limiterait son indépendance garantie par les traités...
Enfin, sur la proposition de faire de Dominique Strauss-Kahn « le candidat de la France et de l’Europe » à la tête du FMI, les ministres sont restés très évasifs, et aucun d’eux n’a manifesté son soutien. Certains grommellent en aparté que ce sont déjà des Français qui sont à la tête de l’OMC, de la BCE , et de la BERD. De son côté, le FMI a fait savoir dans un communiqué que « chaque membre du conseil d’administration peut soumettre une candidature pour ce poste, sans critère de nationalité, comme cela a été le cas dans le passé ». Ce matin, la Pologne a présenté officiellement la candidature de son ancien Premier ministre Marek Belka, actuellement secrétaire exécutif de la commission économique de l’ONU pour l’Europe...