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L’aliment des douceurs éternelles

Entre les délices du corps et celles du cœur, frères très chers, il y a ordinairement cette différence : les délices corporelles allument en nous un grand désir avant d’être éprouvées, mais quand on s’en repaît, elles se changent bientôt en dégoût sous l’effet de la satiété ; au contraire, les délices spirituelles sont en dégoût avant d’être éprouvées, mais lorsqu’on y goûte, on en vient à les désirer, et celui qui s’en nourrit en est d’autant plus affamé que dans sa faim il s’en nourrit davantage. Désirer les premières est plaisant, en user déplaisant ; désirer les secondes est peu attrayant, mais en user très plaisant. Désirer les premières mène à s’en rassasier, et s’en rassasier à s’en dégoûter. Désirer les secondes pousse à s’en rassasier, et s’en rassasier à les désirer de plus belle. Les délices spirituelles augmentent en effet le désir dans l’âme à mesure qu’elles la rassasient. Car plus on goûte leur saveur, mieux on les connaît, et plus on les aime avec avidité. Et si elles ne peuvent être aimées avant d’être éprouvées, c’est que leur saveur est alors inconnue. Qui pourrait en effet aimer ce qu’il ignore ? D’où l’invitation du psalmiste : «Goûtez et voyez combien le Seigneur est suave.»  C’est comme s’il disait clairement : «Vous ne connaissez pas sa suavité si vous ne la goûtez pas; mais touchez l’aliment de vie avec le palais de votre cœur, pour faire l’expérience de sa douceur et devenir capables de l’aimer.»
Or l’homme a perdu ces délices quand il a péché au paradis terrestre. Il s’est banni lui-même lorsqu’il a fermé sa bouche à l’aliment des douceurs éternelles. Voilà pourquoi nous qui sommes nés dans les peines de cet exil, nous en sommes venus ici-bas à un tel dégoût que nous ne savons plus ce que nous devons désirer. Et ce dégoût maladif s’accroît d’autant plus que notre âme s’éloigne davantage de cet aliment plein de douceur. Si elle ne désire plus ces délices intérieures, c’est qu’elle a perdu depuis trop longtemps l’habitude de les savourer. C’est donc notre dégoût qui nous fait dépérir, et le lent épuisement consécutif à la privation de nourriture qui nous exténue. Et parce que nous ne voulons pas goûter la douceur qui nous est offerte au-dedans — malheureux que nous sommes — nous aimons la faim qui nous consume au-dehors.

(Début du commentaire de l’évangile de ce deuxième dimanche après la Pentecôte par saint Grégoire le Grand. Il se situe dans le sillage de la Fête-Dieu , dont la solennité est célébrée ce dimanche.)

Commentaires

  • La participation aux élections legislatives chute drôlement, encore moins qu'en 2002, pourtant record historique, resultat définitif dans.. 1H30 ! Je souhaite un redressement de la Droite de conviction Nationale et souverainiste.

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