Les grandes manœuvres s’accélèrent à l’approche du sommet européen des 21-22 juin, pour que ce sommet soit une « réussite », comme dit Nicolas Sarkozy, autrement dit pour qu’il mette sur les rails le nouveau texte de la Constitution européenne qui sera cette fois imposée aux peuples sans leur demander leur avis.
Multipliant les embrassades, les sourires et les propos les plus chaleureusement amicaux, Nicolas Sarkozy et José Luis Zapatero sont ainsi tombés d’accord hier à Madrid pour travailler « main dans la main » afin de débloquer la situation « sous la présidence allemande », donc avant fin juin. « Un traité simplifié, moins long, est possible », a dit Zapatero, à condition qu’on en garde l’essentiel. Et les deux hommes sont d’accord sur les « points essentiels » qu’il doit contenir : présidence stable de l’UE, ministre des Affaires étrangères, extension du vote à la majorité qualifiée, modification des règles du vote au Conseil européen... En bref, on garde la première partie de la Constitution européenne, la seule qui soit constitutionnelle, on ne l’appelle plus Constitution, et le tour est joué.
La veille, c’était le Premier ministre néerlandais (l’autre pays du non), qui était à Madrid. C’était moins ouvertement chaleureux. « Il y a des positions distinctes sur le contenu et la portée du traité, mais il y a une volonté d’accord », a dit Zapatero, tandis que Balkenende se déclarait « convaincu de la possibilité de trouver une solution ». La nuance ici est que les Pays-Bas demandent « que les parlements nationaux jouent un rôle plus important et que soient pris en compte des critères en matière d’adhésion nouvelle à l’Union européenne ». Mais ce qui compte est la volonté commune d’arriver à un accord, donc on y arrivera.
Le même jour à Berlin Angela Merkel rencontrait les chefs de gouvernement belge, irlandais et suédois, et tous ont dit leur volonté d’aller vite. Angela Merkel et Guy Verhofstadt ont prononcé exactement les mêmes mots : il faut préserver la substance du traité constitutionnel en arrivant à un accord de tous les Etats membres...
Et on y arrivera sur le dos des peuples, y compris et d’abord sur le dos des peuples qui ont dit non, comme le soulignent les entretiens de Madrid. Où c’est naturellement Nicolas Sarkozy qui a été le plus cynique : « Un pays qui a voté oui, un pays qui a voté non partagent aujourd’hui la même analyse et la même volonté. Nous pensons tous les deux que l’Europe doit avancer, qu’il faut aller vite, qu’il faut un nouveau traité pour pouvoir débloquer la situation »... Ce n’est pas le pays qui a voté non qui partage l’analyse du pays qui a voté oui, c’est un Président qui se moque de son peuple.
Commentaires
Si la citation est authentique (ce dont je ne doute pas c'est magnifique).
Finalement je fais le lien avec votre article "Turquie APK insiste" : c'est chouette un pays où la représentation nationale vote dans le même sens que le corps électoral consulté par référundum.