« Le roi Boleslas ayant reçu du prélat au sujet de sa conduite plusieurs avertissements demeurés inutiles, Stanislas le sépara enfin de la communion des fidèles. Dans la fureur de son ressentiment, le prince envoya dans l'église des soldats avec l'ordre d'égorger le saint évêque; trois fois ils tentèrent de consommer le crime, trois fois une force divine et invisible les repoussa. Le roi impie s'y rendit lui-même, et massacra de sa propre main le pontife de Dieu, au moment où il offrait à l'autel la victime sans tache. Son corps, haché en morceaux et jeté dans la campagne, fut défendu miraculeusement par des aigles contre les bêtes sauvages. Quand la nuit fut arrivée, les chanoines de Cracovie vinrent recueillir, à la faveur d'une lumière céleste, ces membres dispersés, et ils les rétablirent dans leur place naturelle. Chose admirable ! ces membres disjoints se réunirent tout à coup les uns aux autres, et il ne resta même aucune cicatrice de blessures. Dieu manifesta encore la sainteté de son serviteur après sa mort par beaucoup d'autres miracles, qui obligèrent le pape Innocent IV à le mettre au nombre des Saints. »
Telle est la fin du récit de la vie de saint Stanislas tel que le donne l’Eglise.
Le tombeau de saint Stanislas est au milieu de la cathédrale royale du Wawel, à Cracovie. Saint Stanislas est le saint national polonais par excellence. Au moment de sa canonisation, au XIIIe siècle, la Pologne était divisée en principautés. C’est alors que les princes prirent conscience que ce morcellement était délétère, et rétablirent la royauté, donc l’unité du pays. Au XIXe siècle, alors que la Pologne était divisée entre l’Autriche, la Prusse et la Russie, les patriotes polonais virent à leur tour dans la réunion miraculeuse des membres du martyr la prophétie et l’espérance de la réunification de la Pologne. Plus récemment, Jean-Paul II, qui a longtemps célébré la messe sur le tombeau de saint Stanislas, a mis fin à cette autre sorte de démembrement, social et politique, qu’était le joug communiste.
(Voir aussi la Lettre de Jean-Paul II à l’archidiocèse de Cracovie et à l’Eglise de Pologne à l’occasion du 750e anniversaire de la canonisation de saint Stanislas.)