Il dit donc « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus ». Et il le dit à ceux qui le voyaient corporellement, parce qu'il devait aller au Père, et qu'ils ne le verraient plus comme homme mortel, et tel qu'il était lorsqu'il leur disait ces choses. Quant à ce qu'il ajoute : « Et encore un peu de temps, et vous me verrez », c'est à toute l'Eglise qu'il le promet; comme c'est à toute l'Eglise qu'il a fait cette autre promesse : « Voici que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles ». Le Seigneur ne retardera pas l'accomplissement de sa promesse : encore un peu de temps, et nous le verrons, mais dans un état où nous n'aurons pas à le prier ni à l'interroger, parce qu'il ne nous restera rien à désirer ni rien de caché à apprendre. Ce peu de temps nous paraît long, parce qu'il n'est pas encore passé ; mais quand il sera fini, nous comprendrons combien il était court. Que notre joie ne ressemble donc pas à celle du monde dont il est dit : « Mais le monde se réjouira » ; et néanmoins, pendant l'enfantement du désir de l'éternité, que notre tristesse ne soit pas sans joie ; car, dit l'Apôtre : « Joyeux en espérance, patients en tribulations ». En effet, la femme qui enfante, et à laquelle nous avons été comparés, ressent plus de joie à mettre au monde un enfant, qu'elle ne ressent de tristesse à souffrir sa douleur présente.
(saint Augustin, traité 101 sur l’évangile de saint Jean)