L’ectoplasme des Affaires étrangères prend position à son tour dans l’affaire Geremek, au nom de la France. Hélas. Douste-Blazy propose que le Parlement européen vote une résolution pour demander aux autorités polonaises de laisser à Geremek son mandat de député européen, et que le Conseil européen demande officiellement aux autorités polonaises qu’elles « retirent leur plainte (sic) vis-à-vis de M. Geremek ».
Quant à Nicolas Sarkozy, il apporte son soutien à l’historien polonais en ces termes : « Je connais M. Geremek pour qui j’ai beaucoup d’admiration. Soupçonner M. Geremek, ça ne manque pas de sel, lorsqu’on sait le rôle qu’il a joué à Gdansk avec Lech Walesa. C’est particulièrement inadmissible de soumettre M. Geremek à cette nouvelle législation. » Et d’ajouter : « C’est très préoccupant ce qui se passe en Pologne aujourd’hui. »
On croyait que Sarkozy était pour le respect de la loi. Car il s’agit d’une loi démocratiquement votée par le Parlement polonais et signée par le président de la République.
D’autre part, ou bien Sarkozy ne sait rien du passé de militant communiste stalinien de Geremek (y compris en France), ou bien il fait l’imbécile (comme le président du PE Pöttering affirmant que Geremek « s’est toujours engagé pour la démocratie dans son pays »...)
Le « débat » qui a eu lieu hier au Parlement européen fut proprement, et sans surprise, totalitaire. Il s’agissait de montrer que les députés soutenaient unanimement Geremek, d’une seule voix avec Cohn-Bendit dénonçant les « méthodes staliniennes ou fascistes » du gouvernement polonais. Les députés du parti au pouvoir en Pologne n’ont pas eu le droit à la parole...
Face à la désinformation, là aussi totalitaire, qui règne dans cette affaire, il convient de rappeler ce qu’est la fameuse loi de « lustration ».
Il ne s’agit en aucune manière d’une « chasse aux sorcières », mais d’une opération de vérité. De la vérité qui rend libre. Les personnages publics doivent faire une déclaration sur leurs éventuelles relations avec les services de la police politique communiste. Ces déclarations sont confrontées avec les éléments dont dispose l’Institut de la mémoire polonaise. Si la déclaration concorde avec ces éléments, il n’y a pas de problème. Quoi qu’ait fait le personnage en question. S’il a collaboré activement avec la police secrète, et s’il le reconnaît dans sa déclaration, il garde son statut actuel, et cette reconnaissance lui garantit même l’immunité : il ne peut pas être inquiété sur le plan pénal. C’est seulement s’il s’avère qu’il a menti, ou s’il refuse de faire la déclaration, qu’il perd, de façon automatique, son emploi public.
Il s’agit donc exclusivement de savoir la vérité sur ce qu’ont fait ou n’ont pas fait, du temps de la Pologne communiste, ceux qui aujourd’hui ont des postes publics. Cela fait partie de ce que l’on appelle aujourd’hui le « devoir de mémoire ». Mais ceux qui ont cette expression plein la bouche en refusent la mise en œuvre quand il s’agit de connaître la vérité sur le communisme.
Cela dit, en ce qui concerne Geremek, il a surtout trouvé ce prétexte pour monter une opération politicienne, au niveau européen, contre le gouvernement de son pays, tout en faisant un clin d’œil aux camarades de sa jeunesse, et à la gauche européiste...
Commentaires
Monsieur
Un grand bonjour depuis la Pologne.
Ici tout est calme, les polonais veulent savoir la verite, aucune haine ne les anime, juste le besoin de tourner la page.
Au vu du nombre de catholiques pratiquants, 95%, on comprend que l Europe s attaque a la detruire... Leur Foi a traverse le communisme du XXeme siecle, elle traversera celui du XXIeme siecle.
Ceux qui detestent les catholiques polonais sont infiniments remercies ici, car sans le savoir, ils ont fabrique la plus grande 'usine a Saints' du XXeme siecle.
Nos prieres vous accompagnent en ces periodes d obscurantisme.
Jim
ps : les claviers sont differents ici, il n y a pas d accents
@Jim-Wroclaw,
J'ai déjà commenté sur Agoravox l'affaire Geremek. Je soupçonnais que le départ de Jean-Paul II avait dû ballayer des idées trop laïques en Pologne. Preuve est donc faite. "Usine à Saint" du 20ème siècle. Qu'en sera-t-il au 21ème?
Quitte à sortir un peu de la bonne terre de Pologne, hier, j'ai vu l'émission Thalassa à FR3. Je ne sais si tu peux capter TV5 et quand cela diffusé. On y parlait en 1er point de la Corse.
Et puis il y a eu le bateau MV Doulos. Toujours en croisade (sans armes heureusement) qui évangélise tous les endroits de la terre par où il ancre les amarres. "La Bible et le gouvernail" comme titre. Je suppose que ce bateau viendra si ce n'est pas déjà fait à Gdansk un jour.
Comme ce point semble t'intéressé....!