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  • Le temps de la Passion

    Ils n’ont pas osé supprimer le carême, mais ils ont supprimé la septuagésime qui en est l’indispensable préparation, tant sur le plan symbolique que spirituel et psychologique, et ils ont supprimé le temps de la Passion, qui est l’indispensable préparation prochaine à l’événement pascal…

    La liturgie du carême prend un visage tout différent à partir de ce dimanche. Jusqu’ici, elle était centrée sur l’effort de carême, sur la pénitence, sur les raisons de cette pénitence, depuis le péché originel jusqu’au péché personnel, et sur les effets de cette pénitence, la conversion, la libération du péché, le rétablissement de la grâce. Elle évoquait aussi la préparation au baptême, qui fait partie du mystère de Pâques, et le Christ dans les évangiles montrait qu’il est le but, la lumière, la résurrection.

    A partir de ce dimanche, la liturgie ne parle plus à l’homme. Par les répons et les capitules qui l'orientent, elle devient uniquement parole du Christ. Le Christ devient l’unique personnage de la liturgie, s’exprimant à la première personne, reprenant à son compte des versets de psaumes ou des prophètes, par lesquels il évoque ses souffrances et sa mort en parlant uniquement à son Père.

    (Je signale en passant, à ceux qui voient un message chrétien dans Narnia, qu’il va dire deux fois par jour : « De ore leonis libera me Domine » : de la gueule du lion, délivre-moi, Seigneur, et trois fois, en outre, ce dimanche, la variante : « Salva me ex ore leonis », du psaume 21, le psaume de la Passion, celui qui commence par Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné.)

    Naturellement, l’orant qui dit ces prières les dit aussi à la première personne. Comme s’il était le Christ. Afin de se configurer au Christ, ce qui est le propre de toute la liturgie, mais l’est ici au plus haut degré.

    Le premier répons des matines insiste sur l’importance d’observer ce temps de la Passion, en en faisant un commandement directement relié à celui par lequel Dieu commanda à Moïse de célébrer la Pâque : « Ceux-ci sont les jours que vous devrez observer en leurs temps : le 14e jour au soir c’est la Pâque du Seigneur, et le 15e vous célébrerez la solennité au Très-Haut. »

    L’épître de ce dimanche est le passage de l’épître aux Hébreux où est expliquée de façon solennelle la signification de la crucifixion, qui doit désormais mobiliser toute notre attention : le Christ est le véritable grand-prêtre, qui par un tabernacle qui n’est pas cette création est entré une fois pour toutes dans le Saint des saints, non pas avec le sang des animaux sacrifiés, mais avec le sang de son propre sacrifice, obtenant une rédemption éternelle.

    L’évangile de ce dimanche souligne que cet homme qui va mourir sur la Croix est Dieu, le Dieu du buisson ardent, celui qui avait demandé à Moïse de célébrer la Pâque : « Avant qu’Abraham fût, Je Suis. »