Les européistes pédalent vraiment dans la semoule depuis les référendums français et néerlandais sur la Constitution. Hier j’évoquais la question du texte sur le 50e anniversaire du traité de Rome. Et voici l’affaire du texte sur la répression du révisionnisme et du racisme.
Les ministres de la Justice des 27 ont de nouveau évoqué hier ce projet d’un texte commun sur la répression de « l’approbation publique, de la négation ou la banalisation grossière des crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre », et de « l’incitation publique à la violence ou à la haine » raciale. Une fois de plus, ils se sont séparés sans avoir avancé d’un pouce. Les discussions durent depuis 2003...
L’Allemagne tient à ce texte, qu’elle veut faire adopter pendant sa présidence, en raison de son « devoir historique particulier ». Mais elle se heurte à l’opposition résolue de la Grande-Bretagne et des pays scandinaves qui refusent toute atteinte à la liberté d’expression. Même l’Italie a renoncé, il y a trois semaines, à faire du négationnisme un délit.
Pour tenter d’emporter malgré tout leur adhésion, le texte stipule que les Etats membres pourront ne pas prendre de mesures contraires à leurs principes si les comportements en question ne sont pas « menaçants » ou « susceptibles de troubler l’ordre public ». Mais rien n’y fait.
Les partisans du texte font valoir qu’il obligerait à l’entraide judiciaire entre les Etats membres, ce qui serait une belle avancée de la construction européenne. Par exemple le Danemark ne pourrait pas refuser d’aider la France à poursuivre quelqu’un qui aurait diffusé depuis Copenhague des écrits révisionnistes vers la France. Mais le Danemark, précisément, rejette aussi l’entraide judicaire (comme en fait la plupart des politiques européennes).
En outre, les anciens pays du bloc soviétique exigent que les crimes commis sous la période communiste soient explicitement intégrés dans le texte. La Pologne a déjà une loi punissant « celui qui nie, publiquement et au mépris des faits, les crimes nazis et communistes », et la Lettonie demande que le texte comporte une déclaration condamnant les crimes « commis sous tous les régimes totalitaires ».
« Nous sommes tous d’accord pour envoyer un message que nous allons lutter ensemble contre le racisme et la xénophobie », a déclaré la ministre allemande de la Justice à l’issue de la réunion. Le constat d’échec est flagrant.