Le « Collectif pour le droit de travailler en langue française » a tenu hier une conférence de presse et une grande réunion dans une salle de l’Assemblée nationale, afin d’alerter sur le fort développement du « globish », une version rudimentaire d’anglo-américain qui devient la langue officielle et quasi obligatoire dans de nombreuses entreprises françaises.
Le collectif a été créé à l’initiative de la CFTC (Jean-Loup Cuisiniez, qui est son porte-parole) et de la section syndicale CGT d’Alcatel-Lucent de Nozay (Martine Lamonnier, Claude Josserand) et il a été rejoint par le syndicat UDPA-UNSA d'AXA Tech (Franck Grandmaison), le syndicat CGC-MF (Marchés financiers, Marc Boutellier), les associations FFI-France (section française du Forum Francophone International) et ALF (Avenir de la Langue Française ), présidées par l'ancien ambassadeur Albert Salon, ainsi que le site militant de la francophonie voxlatina, édité par Alfred Mignot, secrétaire général fondateur du FFI.
Au cours de cette réunion les intervenants ont souligné que de plus en plus dans les grandes entreprises des informations sont communiquées uniquement en anglais aux salariés, que des réunions du personnel se déroulent entièrement en anglais (ou en franglais…), et que les salariés qui ne connaissent pas la langue des initiés deviennent des salariés de seconde zone, ne sachant pas ce qu’on leur demande, et pouvant légitimement craindre d’être les premiers licenciés en cas de difficulté… Et la connaissance de l’anglais n’est même pas éventuellement suffisante : le délégué central CFTC du groupe Hewlett-Packard France se bat contre l'imposition aux employés d'un support technique exclusivement en anglais, basé en Inde, « ce qui rend d'ailleurs cet anglais incompréhensible même pour ceux qui ont la chance de bien le parler »…
Pourtant un arrêt de la Cour d’Appel de Versailles du 2 mars 2006, condamnant une entreprise qui communiquait en anglais avec son personnel, stipule que les documents transmis par l’employeur doivent être en français, dès lors qu’ils comportent des obligations pour le salarié ou des dispositions dont la connaissance est nécessaire à celui-ci pour l’exécution de son travail.
La loi est donc, tout de même, du côté de ceux qui veulent travailler en français en France. Reste à la faire appliquer…