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Jean-Louis Masson et les parrainages

Le sénateur non inscrit (ex-UMP) de Moselle Jean-Louis Masson a écrit au Premier ministre pour lui demander de supprimer la publicité des parrainages à l’élection présidentielle. Cette simple mesure, que demande aussi Jean-Marie Le Pen, mettrait en effet un terme aux manipulations et aux pressions. Car le PS et l’UMP font croire que le parrainage est un soutien politique. Il devient, très abusivement mais réellement, une sorte de primaire : ce vote doit alors être secret comme tous les autres. Jean-Louis Masson avait déposé, en octobre 2005, une proposition de loi destinée à renforcer le tri des candidats tout en permettant à ceux qui sont incontestablement représentatifs de se présenter sans autre barrage qu’un score minimal de leur parti aux législatives. Il reprend notamment dans sa lettre l’argumentation de sa proposition, qui est naturellement restée lettre morte, comme l’était restée sa proposition de loi de 2002, par laquelle il demandait la suppression de la publicité des parrainages et la possibilité de se présenter pour un candidat ayant déjà obtenu 5% des suffrages à l’élection précédente.

 

Monsieur le Premier Ministre,

Des milliers de maires et autres parrains potentiels déplorent le détournement de la procédure des parrainages pour les élections présidentielles. En effet, le but des parrainages est d’éviter les candidatures marginales. Cependant, depuis que la liste des parrains est publique, les grands partis politiques et le microcosme parisien font croire à l’opinion que le parrainage est un soutien politique.

De ce fait, lors des dernières présidentielles, de multiples pressions ou menaces ont été exercées : chasseurs à l’encontre des parrains d’un candidat écologiste, chantage aux subventions départementales selon l’orientation politique des parrainages, exactions diverses contre les parrains d’un candidat d’extrême droite… C’est inacceptable. Il ne sert à rien que le vote soit secret pour empêcher les pressions sur les électeurs si, dans le même temps, la publicité des parrainages permet des pressions pour écarter certaines candidatures.

Les présidentielles de 2002 illustrent les dérives du système : M. Gluckstein a rassemblé facilement ses parrainages alors qu’il n’a obtenu que 0,47% des suffrages. Par contre, M. Le Pen, pourtant qualifié pour le second tour (16,86% des suffrages, soit 36 fois plus que M. Gluckstein), a failli être empêché de se présenter. Ainsi, le système n’élimine pas les candidatures marginales mais peut empêcher la candidature de courants d’idées ayant une forte légitimité démocratique.

Pour remédier à ces graves dérives, la solution la plus simple est de supprimer la publicité des parrainages. D’autres alternatives sont également envisageables. Ainsi, j’ai proposé (proposition de loi n° 19 du 12 octobre 2005) de doubler le nombre des parrainages requis (cela supprimerait les candidatures folkloriques) tout en permettant à chaque parti politique ayant au moins 5% des suffrages lors des précédentes élections législatives de présenter un candidat (cela permettrait la candidature de chaque parti représentatif).

Le maintien du statu quo me paraît inacceptable et à l’instar de milliers de maires que le côtoie au quotidien, je ne me ferai pas le complice d’une mascarade de démocratie. C’est pourquoi si rien ne change, je ne signerai aucun parrainage.

Les partis dominants (PS et UMP) ont tort de sacrifier la morale politique à leurs intérêts à court terme. Ils oublient que souvent, la manipulation des modes de scrutin se retourne contre ses auteurs (pour l’UMP, il n’y a qu’à se rappeler les élections régionales de 2004).

Aujourd’hui, une coupure inquiétante se fait jour entre le système politique et la masse de Français car plus d’un électeur sur deux n’est pas représenté à l’Assemblée nationale. Si demain un courant d’opinion représentatif était arbitrairement empêché d’avoir un candidat lors des élections présidentielles, ses électeurs sauraient s’en souvenir. Ils le feraient payer très cher aux responsables et en premier lieu, au parti actuellement majoritaire qui contrôle à ce titre l’ordre du jour du Parlement.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mes meilleures salutations.

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