Le député UMP Hervé Mariton déclare que les maires UMP ne sont « pas là pour aider Le Pen à être candidat ». Et il précise : « Si un maire me dit Que dois-je faire ? Faut-il aider Le Pen à avoir ses singatures ? Je lui dirai Non. »
Il répondait ainsi à une question sur les propos de Bernard Accoyer, le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, tenus la veille. Celui-ci déclarait que l’absence de Jean-Marie Le Pen poserait « un vrai problème pour la démocratie », car il est nécessaire que « tous les Français puissent s’exprimer lorsqu’ils vont voter ». En conséquence, il répondait non à la question de savoir s’il donnerait une consigne aux élus pour qu’ils refusent leur signature à Jean-Marie Le Pen, ajoutant qu’il s’agit d’une « liberté fondamentale de tout élu ».
La contradiction est manifeste. Or Hervé Mariton est un proche de Villepin, et Bernard Accoyer penche manifestement vers Sarkozy. Hervé Novelli, sarkozyste pur jus, déclarait précédemment que « ce serait un véritable séisme que d’exclure Le Pen du premier tour de la présidentielle ». Il disait bien : exclure. Autrement dit l’empêcher d’obtenir ses parrainages. Tandis que selon Le Nouvel Observateur Dominique de Villepin assurerait en privé que « Le Pen n’aura pas ses signatures ».
Voilà qui accrédite de façon très claire, comme le souligne Jean-Marie Le Pen dans un communiqué, ce que Le Canard enchaîné expose dans son numéro de cette semaine : Nicolas Sarkozy considère aujourd’hui que l’absence de Jean-Marie Le Pen pourrait lui coûter l’élection, car Le Pen demanderait à ses très nombreux électeurs de voter contre lui. C’est pourquoi, ajoute le Canard, « le président de l’UMP serait prêt aujourd’hui à lever les consignes qu’il avait données aux maires proches de la majorité pour leur interdire de signer en faveur de Le Pen ». En revanche, Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie considèrent chacun de son côté que si Jean-Marie Le Pen est dans l’impossibilité de se présenter, ils pourraient se présenter (en plus de Sarkozy) sans craindre d’être accusés de provoquer un 21 avril à l’envers par la dispersion des voix de droite.
Les uns et les autres, constate Jean-Marie Le Pen, « ne raisonnent qu’en fonction de leurs intérêts stratégiques personnels. Ils en sont venus à ce que les signatures de maires, qui ne devraient être qu’une formalité, soient devenues des armes entre candidats d’un même parti ». Ce qui est, conclut-il, « une violation évidente de l’esprit de la loi ».