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Turqueries et chuchotements

La présidence finlandaise de l'Union européenne avait imaginé une « solution » (surréaliste) au problème de la non-reconnaissance de Chypre par la Turquie. Une réunion devait se tenir à Helsinki les 5 et 6 novembre, juste avant la publication du rapport de la Commission européenne (dont la rédaction avait été suspendue) sur les (non) « progrès » d’Ankara vers l’adhésion à l’Union européenne. La réunion a été annulée. Pour des « raisons techniques », a d’abord indiqué la présidence finlandaise. « Malheureusement les conditions n’étaient pas réunies », a ensuite déclaré le ministre finlandais des Affaires étrangères.

En refusant une fois de plus de mettre en cause l’attitude de la Turquie (qu’’il ne faut pas vexer parce qu’il faut absolument aboutir à son intégration), l’Union européenne permet au gouvernement d’Ankara d’en rajouter dans son animosité vis-à-vis de Chypre, ce qui est le contraire du but recherché. Car bien entendu le ministre turc des Affaires étrangères s’est empressé de dire que si la réunion a été annulée c’est la faute de Chypre : «  La Turquie a fortement soutenu les efforts finlandais depuis le tout début, mais malheureusement les Chypriotes grecs ont bloqué le processus. »

Des diplomates européens, naturellement anonymes, ont laissé entendre que bien entendu ce sont les Turcs qui ont fait capoter la réunion. De confidence en confidence, on peut à peu près reconstituer le scénario. La discussion devait, logiquement, se dérouler entre tous les protagonistes. Mais les Turcs refusent obstinément de discuter directement avec les Chypriotes, puisqu’ils ne reconnaissent pas Chypre. Ils avaient donc exigé que les négociations se déroulent entre la « République turque de Chypre nord » (que personne ne reconnaît en dehors d’Ankara) et la République de Chypre. Ajoutant que s’il y avait des progrès dans les discussions, alors interviendrait une négociation au niveau supérieur, entre la Turquie et la Grèce … Il est clair que les Chypriotes ne pouvaient pas accepter de telles conditions.

En définitive, le vrai responsable de l’échec est l’Union européenne. Car la solution imaginée était absurde : en échange d’un engagement de la Turquie à commercer avec la République de Chypre, dont elle ne reconnaît pas l’existence, l’Union européenne s’engageait à commercer avec la « République turque de Chypre nord », dont elle ne reconnaît pas l’existence… Un arrangement qui faisait litière du droit international, et qui ne fait pas avancer d’un pouce la reconnaissance de Chypre par Ankara, alors que cela aurait dû être un évident préalable à l’ouverture des négociations d’adhésion.

Le rapport de la Commission européenne devra donc tenir compte de cet échec. Et alors ? Alors rien. Le rapport sera,  nous dit-on, sévère pour la Turquie , parce qu’elle ne fait pas de « progrès », mais il ne contiendra aucune recommandation (aux 25, qui se réunissent en sommet en décembre) de suspension, même partielle, des négociations… Bref, ce sont les Turcs qui décident des conditions de leur adhésion à l’Union européenne, même quand elles sont inacceptables et contraires au droit international.

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