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L’Europe de Ségolène

Ségolène Royal a tenu hier une conférence de presse sur l’Union européenne. Il n’en reste guère qu’une petite phrase, abondamment commentée, à propos de l’entrée de la Turquie. Alors qu’on la pressait de donner son opinion personnelle, elle a répondu : « Mon opinion est celle du peuple français, puisque c’est le peuple français qui doit se prononcer » (par référendum).

On sait que c’est là sa « stratégie ». Elle sera élue à la présidentielle, puisque sur tous les sujets elle a l’opinion qu’exprime le peuple français.

Ici elle pousse le bouchon très loin dans la dérobade, puisqu’elle sait pertinemment que le peuple français est contre l’adhésion de la Turquie (et Sarkozy en a tiré les conséquences). Mais il faut attendre le référendum (si tant est qu’il soit un jour organisé). Et d’ici là, elle ne sait pas quoi en penser.

Si c’était vrai, ce serait totalement idiot, et irresponsable. On aurait raison de ricaner et de se moquer, ouvertement (comme on le voit dans la majorité), ou sous cape (comme le font ses concurrents socialistes). Mais ce n’est pas vrai.

Car avant la petite phrase, elle parlait des conditions qui « doivent être remplies par rapport à l’inquiétude des opinions sur la stabilité des frontières de l’Europe », et après la petite phrase elle a ajouté : « Je crois que le référendum ne sera pas facile. Il n’y a aucune raison de le stopper, mais il va falloir beaucoup de travail, d’évolution, pour que le peuple français se prononce positivement. »

Autrement dit, je suis favorable à l’entrée de la Turquie, mais il va falloir une gigantesque opération de propagande pour que les Français changent d’avis et finissent par voter favorablement.

Le bruit que l’on fait autour de la petite phrase sortie de son contexte permet donc en réalité de masquer le fait que Ségolène Royal est pour l’adhésion de la Turquie. Comme elle était pour la Constitution européenne, comme elle est pour l’Union européenne telle qu’elle (ne) fonctionne (pas). Car elle n’est rien d’autre qu’une bulle de la pensée unique. Et cela était particulièrement clair dans cette conférence de presse strictement réservée à l’Union européenne, et où elle n’a strictement rien dit, se contentant d’aligner les formules fourre-tout dont elle a fait un catalogue et qu’elle ressort quels que soient les sujets : tirer vers le haut, construire par la preuve, reconstruire le lien de confiance, changer de méthode, le besoin d’un discours de respect, d’un ordre juste, etc.

Il n’y a pas de motif de ricaner et de se moquer. Ségolène Royal, c’est le néant politique absolu. Ça n’a rien d’amusant. C’est pitoyable.

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