Le président pakistanais Pervez Moucharraf raconte ce qui s’est passé après le 11-Septembre, et explique pourquoi il s’est rallié à la coalition américaine contre le terrorisme, alors que son pays est celui des talibans. Le directeur du renseignement lui avait transmis un message très clair du secrétaire d’Etat adjoint Richard Armitage : « Soyez prêts à être bombardés. Soyez prêts à revenir à l’âge de pierre. » C’était une remarque « très brutale », remarque Moucharraf, mais « on doit réfléchir et prendre des mesures dans l’intérêt de la nation et c’est ce que j’ai fait ». Pour éviter les bombes américaines, le Pakistan s’est donc rallié à la « guerre contre la terreur ». L’un des prix à payer a été de faire tomber en disgrâce le héros national Abdoul Qadir Khan, le père de la « bombe atomique islamique », qui livrait des technologies nucléaires à la Corée du Nord et à l’Iran. Les Américains ont fait semblant de croire que Moucharraf n’était pas au courant de ce trafic pourtant notoire, comme ils font semblant de ne pas se souvenir que Moucharraf est un général putschiste… Dans le même temps (en 2004), le ministre des Finances devenait Premier ministre. Surnommé « l’Américain », il a passé trente ans de sa vie à la City Bank, dont il était devenu vice-président… Et voilà comment un pays qui était clairement sur « l’axe du mal » est devenu un allié. Tout en restant un des principaux foyers de l’islamisme.