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Saint Basile et les "énergies" divines

La lettre 234 de saint Basile est une dissertation sur la substance ou essence (ousia) de Dieu et ses attributs. On y lit notamment ceci :

Autre chose est la substance et autre chose sont chacun des attributs énumérés. Mais si les énergies sont diverses, la substance est simple. Pour nous, nous disons que nous connaissons notre Dieu à partir de ses énergies, mais nous ne prétendons pas nous approcher de sa substance elle-même. Car ses énergies descendent auprès de nous, tandis que sa substance demeure inaccessible.

Il y a ici trois fois le mot « énergies ». Utilisé exactement dans le sens que lui donnera Grégoire Palamas (par rapport à la substance divine). Il est étrange que Grégoire Palamas ait été condamné comme hérétique pour le même propos que tient saint Basile docteur de l’Eglise.

Et il est très tristement significatif que dans la traduction des lettres de saint Basile publiées aux Belles Lettres le mot « énergies » a été gommé les trois fois, et les trois fois remplacé par « activités », afin qu’on ne puisse pas faire le rapport avec Grégoire Palamas. Pourtant le mot grec est ἐνεργεῖαι, énergiai, comme chez Grégoire Palamas. Le traducteur était Yves Courtonne, professeur de grec et grand spécialiste de saint Basile, mais d’abord prêtre catholique qui tenait à respecter le dogme anti-palamite…

Commentaires

  • Pourriez-vous développer les raisons de la condamnation de Grégoire Palamas ou donner des sources ?

  • Traduire "énergéia" par activité est la pratique habituelle de la philosophie réaliste. Terme qui conviendrait bien au passage basilien puisque cette activité doit se comprendre comme ce qui fait connaître quelque chose de l'acteur. En quel sens l'employait Grégoire Palamas? Le mot devait être aussi polysémique hier qu'abscond aujourd'hui. Activité a aussi le mérite d'éviter toute confusion avec des sens contemporains fort éloignés du mot énergie.

  • Ma "définition" n'est pas très éclairante, mais l'essentiel de mon propos tient dans la pratique habituelle en philosophie de traduire energeia par activité.

  • Les philosophes réalistes, je ne connais pas... quand je veux me renseigner sur le sens d'un mot, et ses différentes acceptions, je consulte tout simplement le CNRTL :

    https://cnrtl.fr/definition/activit%C3%A9

    Certains articles de Wikipédia sont très bien faits, ainsi celui sur Grégoire Palamas :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A9goire_Palamas

    Cela prends beaucoup de temps et d'efforts, car la curiosité vous pousse à ouvrir des liens sur des sujets connexes, et on en finit pas. Plus de temps et d'énergie pour une activité de commentaires...

  • "Palamas systématisa très tôt une distinction latente dans les écrits patristiques : la distinction réelle en Dieu de deux modalités, son essence absolument imparticipable et son énergie participable. Ainsi, par la participation aux énergies divines, l’homme peut être réellement divinisé, sans que la transcendance divine en soit affectée. Le gros de la polémique dont le palamisme est l’objet porte sur cette distinction. (…) Jusque naguère, les auteurs catholiques ont jugé avec sévérité son enseignement sur les énergies, au nom des principes de la scolastique occidentale (surtout thomiste) confondus avec le dogme catholique."
    Jacques Lison, A journal of Eastern Christian Studies, 2010.
    https://sheptytskyinstitute.ca/wp-content/uploads/2020/02/La-manifestation-des-%C3%A9nergies-incr%C3%A9%C3%A9es-par-l%E2%80%99Esprit-selon-Gr%C3%A9goire-Palamas.pdf

    Petit extrait de la fiche Wikipedia (lire la suite au sous-titre « Dieu inaccessible en son essence mais manifesté ») :

    Dieu s’est révélé comme Trinité, Père, Fils et Esprit, mais aussi, et c’est paradoxal, comme un Dieu inaccessible en lui-même et pourtant partout et toujours accessible dans le don qu’il nous fait de lui-même, de sa propre vie. Ce paradoxe est le fondement de la théologie de Palamas, la distinction en Dieu entre son essence (οὐσία, ousia) imparticipable et son énergie (ἐνέργεια, enérgeia) participable, entre ce que Dieu est en lui-même, dès l’origine, sans les êtres créés par lui, et ce que Dieu est pour la création et les créatures, pour l’univers et les êtres vivants, les hommes en particulier, avec lesquels il veut depuis toujours entrer en relation.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A9goire_Palamas#La_participation_de_l'homme_%C3%A0_la_divinit%C3%A9

    Citation de Palamas :
    Dès lors qu’il y a trois caractères de Dieu, l’essence, l’énergie, les hypostases divines de la Trinité, ceux qui ont été rendus dignes d’être unis à Dieu jusqu’à être avec lui un seul Esprit, comme l’a dit le grand Paul : « Celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul Esprit » (1 Cor. 6, 17), car il a été montré plus haut que ceux qui en sont dignes ne s’unissent pas à Dieu dans son essence, et tous les théologiens, attestent que Dieu n’est pas participable dans son essence. L’union selon l’hypostase se trouve être le fait du seul Verbe, le Dieu-Homme. Ceux qui ont été rendus dignes de s’unir à Dieu s’unissent donc par l’énergie. Et l’Esprit suivant lequel celui qui s’attache à Dieu est un avec Dieu, est et est appelé énergie incréée de l’Esprit, mais non essence de Dieu, même si cela déplaît à ceux qui pensent le contraire. Car Dieu l’a prédit par le Prophète : ce n’est pas mon Esprit, mais « de mon Esprit, que je répandrai sur ceux qui croient » (Jl 3, 1) (trad. J. Touraille, Chapitre 75).
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A9goire_Palamas#Quelques_citations

  • Loué soit le Sacré-Cœur de Jésus !

    Je suis étonné que certains aient recours à ce qu'ils appellent "énergies" ou "activités" pour expliquer la divinisation quand Dieu nous a fait le don de Son Esprit ayant rendu l'humanité du Christ participante de la nature divine, ce qu'Il continue à faire avec ceux qui L'accueillent le jour de leur baptême (Jn 3.5), les rendant "participant de la NATURE divine ( ἵνα διὰ τούτων γένησθε θείας κοινωνοὶ φύσεως, ἀποφυγόντες τῆς ἐν ⸀τῷ κόσμῳ ἐν ἐπιθυμίᾳ φθορᾶς. 2 P 1.4).

  • Je ne nie pas la participation à la nature divine par la grâce baptismale, je me contentais de faire cette remarque sur l'usage courant en philosophie de traduire energeia par activité. Cette dichotomie basiléenne de l'inconnaissable et du connu divin me semblait recouvrir la distinction entre la connaissance ici-bas et celle au Ciel. Plus encore, notre divinisation baptismale (et eucharistique) ne se réduit pas à la connaissance. Mais j'avoue que l'enjeu de cet article dépasse quelque peu mes faibles connaissances théologiques.

  • Chez Aristote, l'énergie recouvre une dizaine de sens complémentaires qu'il tient à distinguer de la force et du mouvement. Elle articule les différentes causes entre elles et fait le lien entre la puissance et l'acte. Il s'agit d'un concept propre à rendre compte de la nature, même si saint Thomas n'hésite pas à parler d'énergie divine : "Si l’essence de Dieu est infinie, son énergie doit l’être aussi". Mais c'est pour répondre qu'en dehors de Dieu aucun être n'est infini par son essence, ce qui veut dire, logiquement, que l'énergie divine ne se communique pas plus que son essence (ou sa substance).
    Instinctivement, je suis extrêmement réticent quant à l'usage de ce concept aristotélicien d'énergie, s'il s'agit d'en faire le moyen de notre participation à la vie divine. Je trouve que parler de grâce est beaucoup plus pertinent.

  • faut-être un immense génie, génie du Christianisme, pour écrire ça : "Si l’essence de Dieu est infinie, son énergie doit l’être aussi".

    Et comme aurait dit le capitaine Haddock ou Toto, je ne sais plus, "plus je pédale moins fort plus j'avance moins vite". "Plus je recharge mes batteries, plus loin j'irai avec ma Tesla"..

    Aristote, Saint-Thomas, et cætera n'ont jamais amené une âme à Dieu... Pascal, quelques unes, J.-S. Bach des centaines de milliers.

    Tous vos philosophes, théologiens et grands spécialistes ne font que compliquer les choses. Seuls quelques génies de la poésie ou de la Musique ont pu nous faire approche de l'ineffable. Dieu ne parle pas aux Savants, il s'adresse aux "pauvres-en-esprit", ceux qui s'agenouillent, pour élever leur coeur en se tournant vers le Seigneur.

    Attention, pauvre en esprit, ça veut pas dire "gogol". Gogols comme le sont devenus les chrétiens parfaitement accommodés avec la nouvelle liturgie post vaticane, liturgie à base de Dieu est amouououourrrrrr, de guitarre et de ficelles tendues entre les colonnes pour soutenir des dessins d'enfants du catéchisme. Inutile d'ajouter des exemples, d'en jeter plus, la cour est pleine...

  • @jean-marcel
    L'Evangile (comme le capitaine Haddock, peut-être...) s'adresse à tous, de sept à soixante-dix sept ans, mais je crois que les pauvres en esprit des Béatitudes sont surtout les personnes qui ont l'esprit de pauvreté, qui sont détachées des biens matériels.
    Il n'est pas nécessaire, sans doute, d'être intelligent pour faire son salut, et c'est une chance pour vous, car affirmer que saint Thomas n'a jamais amené une âme à Dieu est en effet une proposition de "gogol" pour reprendre votre terme très injurieux pour les trisomiques.
    Mais l'incohérence de vor propos m'invite plutôt à penser que vous avez un peu trop arrosé votre repas de midi.

  • Shut the fuck off, stavrolus p'titprof !

    mais juste avant, répondez-moi pour me dire ce que vous pensez de "La Tour de Garde".........................

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