Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Michel Aoun

Les visites protocolaires au président libanais ne font généralement l’objet que d’une brève mention, par le fait qu’elles donnent lieu à des propos convenus sans autre signification que leur nécessité diplomatique. Mais, lundi, parmi les délégations qu’il a reçues, il y a eu celle du « comité exécutif des Eglises du Proche-Orient au Liban ». Et le discours du président Aoun n’est pas passé inaperçu.

En effet, il a déclaré : « La religion chrétienne ne tombe pas sous les coups des chars, des canons et des avions, mais sous l'effet de l'argent et de la peur (...). La baisse du nombre de chrétiens dans la région n'est pas due uniquement aux guerres, mais à leur absence dans la gestion du pouvoir et des affaires publiques. (…) Le christianisme n’est pas arrivé ici depuis l’étranger et lorsque les chrétiens au Proche-Orient perdent leurs droits et regardent en direction de l’étranger, ceci devient pour eux un nouveau facteur de risque. »

Il est rarissime qu’un responsable libanais, civil ou religieux, évoque « l’argent », à savoir l’avidité, la soif d’argent et de possession, et l'absence d'engagement civique, comme un motif de la destruction du christianisme dans la région. Or ici c’était le président de la République à des patriarches et archevêques…

D’autre part, Michel Aoun a tenu à souligner la signification chrétienne du martyre, qui n’est pas un échec mais témoignage de la résurrection : « Certains hommes politiques ont critiqué le concept de martyre mais dans la vie chrétienne le martyre consiste à donner sa vie pour les autres. Il exprime la réalité de la rédemption. » Jésus, par son martyre, « a fait cela pour nous ».

Et il a donné au patriarche grec-orthodoxe, frère de l’archevêque grec-orthodoxe d’Alep enlevé en 2013 et dont on n’a plus de nouvelles, un évangéliaire grec trouvé par l’armée libanaise sur un jihadiste qui l’avait volé à Maaloula.

*

Du 9 au 11 janvier, Michel Aoun était, avec huit ministres, en Arabie saoudite, pour sa première visite officielle à l’étranger. Le fait n’a rien d’étonnant en soi, vu l’importance de l’Arabie saoudite dans la politique libanaise. Mais la brouille était grande depuis que l’Arabie saoudite avait dénoncé la mainmise du Hezbollah…

Or le résultat de la visite est assez stupéfiant. Car Michel Aoun est l’allié privilégié du Hezbollah, or l’Arabie saoudite a décidé de débloquer son aide militaire gelée il y a un an…

L’affaire remonte en fait au 29 décembre 2013. Ce jour-là, le président libanais, Michel Sleiman, annonce que l’Arabie saoudite promet de donner 3 milliards de dollars au Liban pour renforcer les capacités de l’armée libanaise, et il précise que cet argent servira à acheter des armes à la France. Il se trouve que ce même jour François Hollande est à Riyad et déclare, sans faire mention de la promesse, que la France saura répondre aux demandes d’aide du Liban… En novembre 2014 était signé entre Paris et Riyad un contrat de livraison d’armes françaises au Liban de… trois milliards de dollars.

Mais en février 2016 l’Arabie saoudite annonçait qu’elle arrêtait tout, à cause des violentes prises de position du Hezbollah contre la « famille Saoud », et l’influence du Hezbollah sur la vie politique libanaise : le Liban n’avait pas condamné l’attaque contre l’ambassade d’Arabie saoudite à Téhéran.

Je ne sais pas ce qui relève des pressions françaises et ce qui relève de la trouille saoudienne face à l’Etat islamique, et à d’autres facteurs occultes, mais le fait est que les Saoudiens s’accordent aujourd’hui avec l’homme lige de leur ennemi Hezbollah. L’Orient compliqué…

Les commentaires sont fermés.