L’avocat catholique Lê Quôc Quân, un des inspirateurs de la jeunesse catholique du Centre Vietnam, a été condamné hier par le tribunal populaire de Hanoi, pour « fraude fiscale », à 30 mois de prison, et son entreprise « Solution Vietnam » à 600 millions de dôngs pour impôts non payés et une amende de 1,2 milliard de dôngs (respectivement 21.000 et 42.000 euros).
« Je suis la victime de manœuvres politiques. Depuis longtemps, j’ai dénoncé et combattu les fléaux de la corruption, de la bureaucratie et de l’immobilisme qui portent gravement tort à notre pays. Pour dire la vérité, je suis condamné pour avoir aimé mon pays », a déclaré l’avocat, soulignant que les juges n’avaient même pas écouté les plaidoiries de ses avocats. Et pour cause : il est en réalité condamné pour ses actions en faveur de la liberté et pour son aide juridique aux plus défavorisés.
Dans la soirée du dimanche 29 septembre, en l’église de la paroisse de Thai Ha à Hanoi, une grande assemblée composée de catholiques et de non-catholiques, participait, une bougie allumée à la main, à la messe célébrée pour le soutien spirituel de l’avocat. Au premier rang de l’assistance se trouvait son épouse et les membres les plus proches de sa famille. Certains participants portaient un T-shirt où était inscrit : « Liberté pour Me Lê Quôc Quân ».
La veille du procès, de nombreux amis de l’accusé venus de tout le Vietnam étaient arrivés à Thai Ha. Ils étaient plus de 1 000 à la messe célébrée à 6 heures du matin. A 6h30, les grandes artères menant au tribunal étaient déjà bloquées par des agents de la Sécurité publique qui interdisaient la circulation des voitures et des piétons. Malgré cela, à 7 heures du matin, un groupe d’environ 700 personnes, parmi lesquelles trois prêtres rédemptoristes et un religieux bouddhiste, se dirigeait depuis la paroisse de Thai Ha vers le tribunal, en chantant la prière pour la paix attribuée à saint François d’Assise. Le groupe a été arrêté et dispersé bien avant d’atteindre le quartier du tribunal, resté inaccessible tout au long du procès grâce à déploiement d’importantes forces de police.
Le procès était soi-disant public, mais personne n’a pu y assister, en dehors de la femme de l’accusé, d’un autre membre de sa famille, et d’un prêtre.