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La visite de Tawadros

Le pape copte Tawadros se rendra à Rome samedi 11 mai et rencontrera le pape catholique François. Ce sera la première rencontre de ce type depuis la rencontre entre Chénouda III et Paul VI, il y a 40 ans. Cette rencontre avait été suivie de l’accord christologique de 1988. Mais cette spectaculaire avancée œcuménique (qui désintégrait de facto la pierre d’achoppement « monophysite ») n’a eu aucune suite, souligne à l’agence Fides Mgr Botros Fahim Awad Hanna, évêque copte catholique de Minya, qui fonde de grands espoirs sur cette visite, pour que « puisse être repris le fil du dialogue théologique afin de recommencer véritablement à cheminer vers la pleine communion ».

Commentaires

  • Il faut savoir que le nom "Tawadrôs", c'est tout simplement "Théodore" en français.

    "Tawadros" est une déformation, en arabe vernaculaire, populaire, de l'Egypte d'aujourd'hui, du nom grec "Theodôros".

    La même chose d'aiulleurs pour le nom du précédent patriarche copte : "Chenouda III". Même déformation vernaculaire en arabe, du nom grec "Sanoutios", en version latine "Sanutius", dont voici une référence, parmi d'autres (en espérant qu'elle fonctionne) :
    http://books.google.fr/books?id=VGNCaTM-L5IC&pg=PA86&lpg=PA86&dq=Sanutius+copte&source=bl&ots=ENO7x5Fhk5&sig=SJP3lob3N-XdsrEc5l8m1i7dEpk&hl=fr&sa=X&ei=TbmEUYf2NcO3hQe1xICQBw&ved=0CDIQ6AEwAA#v=onepage&q=Sanutius%20&f=false

  • Dès sa désignation j'avais indiqué que son nom en français était Théodore. J'avais même l'intention de continuer de l'appeler Théodore II, mais comme tout le monde l'appelle Tawadros j'ai dû me résigner à suivre le mouvement...
    http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2012/11/05/theodore-ii-le-nouveau-pape-copte.html

  • Vous avez raison... Les deux appellations sont justes. Mais personnellement, je l'appelle Théodore II. Cela le "situe" mieux (pour nous Français) dans la sphère familière des noms chrétiens. Chacun est libre à cet égard.

    Permettez-moi une précision quant à son titre de... "pape". Ce titre, en Egypte, est traditionnellement donné au patriarche copte d'Alexandrie. Pour le siège d'Alexandrie, il y a également le patriarche copte catholique, et encore le patriarche melkite Grégoire III, qui porte lui aussi, dans sa titulature canonique, le titre "d'Antioche, d'Alexandrie, de Jérusalem et de tout l'Orient". Or ces deux derniers, notamment le premier, qui est copte tout autant que Théodore II, ne revendiquent pas, par humilité, le titre de "pape". Concernant ce titre, notamment pour le cas particulier d'Alexandrie, j'ai corrigé de la manière suivante l'article "PAPE" de Wikipedia, correction qui y figure toujours :

    "Le mot pape (en grec πάπας / papas) n’a rien d’un titre officiel, c’est une appellation d’affection respectueuse, celle que l’enfant donne à son père (« papa »). La première attestation documentée de ce mot pour désigner un chef religieux de premier plan remonte à 306 à Alexandrie : la population chrétienne de cette ville le décerna comme titre à son évêque Pierre d'Alexandrie qui avait organisé la résistance extérieure à la persécution de Dioclétien. À partir du 1er concile œcuménique de Nicée, où siégèrent des évêques au nombre traditionnel de 318, l'appellation « pape » a été affectueusement donnée à tout évêque en tant que chef de l'Église locale qu'il préside. Ce n'est que progressivement, surtout à partir du VIe siècle, que l'appellation a été de plus en plus réservée au seul pontife romain, et ce à l'échelle de l'Église universelle (Orient et Occident). Le titre de « pape », également donné au patriarche copte orthodoxe d'Alexandrie, est une tradition locale de l'Église copte."
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Pape

    Cette correction figure dans le paragraphe "Etymologie" (au tout début ; j'y ai aussi corrigé nombre de monumentales erreurs dans ce même article, sans y avoir tout révisé encore, surtout que les farfelus s'y ont déchaînés depuis la renonciation en février... Passons).


    Ce que je souhaite dire ici, c'est que beaucoup, en Occident, donnent avec complaisance ce titre à ce patriarche "orthodoxe" d'Alexandrie, comme pour contrebalancer, relativiser le titre de Pape qui est, depuis le VIe siècle, universellement réservé au Vicaire du Christ. Oui, je mets des guillemets à "orthodoxe", car cette Eglise schismatique locale n'est pas chalcédonnienne, ayant refusé depuis 451, et encore aujourd'hui, de reconnaître l'autorité de tous les Conciles oecuméniques antiques postérieurs à celui d'Ephèse, et qui, à cause de cela, reste une Eglise entachée par le monophysisme. Il faut préciser qu'appeler "pape" ce patriarche copte est le propre des seuls fidèles coptes. Comme je l'ai signalé dans Wikipedia, c'est surtout une tradition (légitime si on est copte) de la seule Eglise des coptes "orthodoxes". Alors que le titre de "pape" donné au Pape de Rome, le Vicaire du Christ sur la terre, est universellement reconnu par l'ensemble du genre humain.

    Autre point : il est possible que le Saint-Siège, dans son langage protocolaire et diplomatique, toujours prônant la paix au sein de la Chrétienté, donne de bonne grâce du "pape", et de "Sa Sainteté" au patriarche "orthodoxe" d'Alexandrie. Mais cela reste un langage protocolaire, non juridique ni canonique. En effet, sur le plan de la juridiction canonique, Rome sait parfaitement que ce patriarche est simplement égal à tous les autres patriarches orientaux, ni moins ni plus.


    Cela ressemble beaucoup au cas, quasi similaire, du patriarche de Constantinople.
    C'est aussi dans le même esprit conciliant que Rome accepte d'appeler, "diplomatiquement", "protocolairement", le titulaire orthodoxe de Constantinople "Patriarche Oecuménique" ( ! )... (autrement dit "patriarche universel" (!)...). Titre totalement abusif que se sont arrogés les évêques de Constantinople à partir du Ve siècle pour se "gonfler" à la hauteur du Pape de Rome, le Vicaire du Christ. "La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf", c'est vraiment le cas de le dire. Par pression politique impériale interposée, ils imposèrent ce titre (étymologiquement insensé en Eglise) à travers le fameux "28e Canon" du Concile de Chalcédoine (451), canon aussitôt cassé et anéanti par le Pape saint Léon Ier le Grand et par tous les Pontifes Romains ses successeurs. Car il n'y a véridiquement de "Patriarche Oecuménique" que le Pape de Rome, lui seul étant Chef universel de l'Eglise commme successeur de Pierre, et comme Pierre en personne. Or malgré leur droit si légitime à un tel titre, jamais les Papes ne se l'ont attribué, et d'autant plus ils ne pouvaient le reconnaître d'aucune manière à l'évêque de la ville impériale de Constantinople qui n'y avait, lui, strictement aucun droit, ni apostolique ni juridique.

    Et pourtant...
    Les Eglises orthodoxes, surtout après leur schisme de 1054, continuèrent à donner du "Patriarche Oecuménique" à l'évêque de Constantinople. Mais considérons les décrets mystérieux de la Providence Divine... Elle humilia cet orgueil des évêques de Constantinople qui, du temps de l'empire byzantin, avaient prétendu se faire les égaux du Vicaire du Christ : Dieu permit, dans son insondable Providence le catastrophique anéantissement de cet empire byzantin, la chute lamentable de Constantinople devant les Turcs musulmans envahisseurs et, du coup... l'abaissement total du Patriarcat de Constantinople, par rapport à toutes ses anciennes et orgueilleuses prétentions (certes, par la suite, combien de saints patriarches de ce sièges-là ont-ils été affreusement martyrisés par les envahisseurs et ennemis du Nom chrétien... Mais c'est une autre histoire).

    Depuis, le titre de "Patriarche Oecuménique" a survécu, mais... vide de tout sens réel, au point que __ ironie dérisoire de l'Histoire ?... __ le Saint-Siège accepte aujourd'hui, par paisible condescendance, de le donner "diplomatiquement" au titulaire de Constantinople, sachant bien qu'au titre de la juridiction canonique il ne rime strictement à rien, pas plus aujourd'hui qu'au temps du Pape Léon le Grand qui l'avait solennellement cassé.


    Une anecdote vraie pour terminer :
    J'ai observé avec attention le visage du patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, lors de sa première visite à François Ier, avec d'autres dignitaires des Eglises orthodoxes. Les patriarches de Constantinople ont toujours revendiqué la légendaire fondation de leur siège par l'Apôtre André, frère de Pierre. D'ailleurs, c'est de cette légende qu'ils avaient maquillé leur ancienne prétention pour rivaliser avec le "frère" de Rome.

    Dans sa réponse au patriarche Bartholomée Ier, qui l'avait salué en premier, François Ier a été très fin politique... Il commença son discours en s'adressant à "Mon cher frère ANDRÉ..." Il y eut sur-le-champ un gros plan sur le patriarche, qui montra alors un visage comme figé, fixant le Pape avec une expression discrète de saisissement... Le Pape venait de l'appeler expressément : "Mon frère ANDRÉ". Très finement, mine de rien, le Pape a ainsi remis à sa place la vieille prétention de Constantinople de se vouloir l'égale de Rome. C'est vomme s'il venait de signifier à Bartholomée Ier :

    "Comme je suis Successeur de Pierre, et comme les titulaires de Constantinople se disent successeurs d'André son frère, alors je vous appelle 'mon frère André'... Soyez logique, Bartholomée : si vous vous dites André, alors je suis bien Pierre. Et par conséquent, admettez, vous autres orthodoxes, mon autorité de Pierre. Car puisque vous vous dites 'André', reconnaissez que le Seigneur n'a rien spécifié au sujet d'André ; mais qu'à son frère Pierre il a donné la pleine autorité apostolique, et qu'à Pierre seul il a donné charge de paître toutes ses brebis. Vous vous dites 'successeur d'André', et je vous appelle 'mon frère André' : DONC JE SUIS PIERRE. Reconnaissez-le enfin, avec tout ce que cela implique dans nos relations en vue de la Réunion : quand nous mettrons fin au schisme de 1054, vous aurez à reconnaître que je suis Pierre et que ma juridiction s'exerce sur l'Eglise universelle.

    Tout cela, le pape François Ier le signifia, très simplement et très finement, à Bartholomée Ier, en l'appelant "Mon frère André". Et la discrète surprise, sur le visage de Bartholomée Ier, témoigna qu'il avait parfaitement saisi les intentions pontificales sous-entendues dans cette appellation.

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