Icône d’Isaac Fanous
Marc n'est pas poète comme Jean, n'écrit pas un grec élégant comme Matthieu, n'est pas un Hellène comme Luc. Il commet des fautes de grec, des sémitismes et, curieusement, des latinismes. Il est prosaïque et tout ce que contient son Evangile est ou pourrait être appuyé par le témoignage d'une ou plusieurs personnes. Il a le côté terre-à-terre, pourrait-on dire, qui est comme fait exprès pour faciliter à l'homme d'aujourd'hui l'accès à l'ensemble des Evangiles.
L'Evangile selon Saint Marc est, de l'avis des savants, le premier en date. Marc est le créateur du genre littéraire et aussi le premier qui a employé le mot d'Evangile, non seulement pour la prédication - cela se faisait déjà depuis une vingtaine ou une trentaine d'années - mais aussi pour le récit écrit de la Passion, de ce qui la précéda, et de la Résurrection, récit contenant aussi les enseignements de notre Sauveur.
La Passion occupe quarante pour cent du texte de Saint Marc et seulement vingt pour cent du texte de Saint Luc. Saint Marc se consacre surtout à la narration, surtout à la vie du Christ, à Sa personne. Ce sont les deux autres synoptiques, Matthieu et Luc, qui nous transmettent la majeure partie des enseignements du Christ.
Marc s'attache à Sa présence immédiate. A travers son texte, d'une brièveté, d'une simplicité extrêmes, mais génial d'expressivité, nous percevrons le Christ, nous vivons auprès de lui.
C' est pourquoi j'ose affirmer que, dans le monde moderne, désemparé, déchristianisé, irréligieux, Marc est la porte d'accès aux Evangiles. Il est le modeste introducteur à la personne et au message du Christ. (…)
il nous transmet le Christ. Il nous Le donne à lire et à aimer, comme s'il nous Le donnait, corps et sang, en Eucharistie. Il L'a donné, pour ainsi dire, à Matthieu et à Luc, comme on donne l'Eucharistie dans la bouche du communiant ; et par eux, il nous L'a donné encore une fois à tous.
Son animal symbolique est le lion ailé: le courage et l'élévation. Il réunit l'Afrique et l'Europe : depuis, Alexandrie s'appelle toujours "le siège de Saint Marc" - cathedra Marci - et comme il fonda l'Eglise d'Aquilée, lorsque les Huns d'Attila détruisirent en 452 Aquilée, les habitants se sauvèrent dans la lagune et fondèrent Venise, dédiée et consacrée à ce Juif au nom romain et qui écrit comme quelque génial reporter du Time Magazine.
Marc est le plus grand reporter depuis l'Antiquité. Même au millénaire qui vient, il rendra cet humble et inestimable service: nous mettre immédiatement en présence du Christ.
Commentaires
Le fait qu'il a écrit en grec avec des latinismes prouve qu'il parlait latin. Comme Notre-Seigneur lui-même. C'est d'ailleurs normal puisque le latin était la langue de l'occupant de son pays : la Palestine. Il l'avait donc apprise, car les Romains n'apprenaient pas la langue des pays soumis.
Nous ne savons pas si Jésus parlait latin.
Personne ici __ pas même l'auteur de ce texte __ n'a la présence d'esprit de rappeler que l'Evangile selon saint Marc est, en réalité, et très largement, l'"Evangile selon saint Pierre" ?...
Dicté à Rome, par le Prince des Apôtres, à son fidèle secrétaire, saint Marc.
L'une des preuves traditionnelles de cela, c'est que, des quatre Evangiles, c'est le plus discret, le plus silencieux, sur les fondements du Ministère Pétrinien : cela s'explique par la totale et sainte humilité du Prince des Apôtres, ne voulant pas "s'auto-exalter" dans le récit qu'il dictait en personne même, sachant bien que toute l'Eglise de son temps savait parfaitement __ dans les faits __ qu'il était PIERRE et le Pasteur universel.
Ce sera la mission divine de S. Matthieu, de S. Luc et, plus tard, de S. Jean de proclamer, dans leurs Evangiles respectifs, la réalité et toute l'étendue du Ministère Pétrinien.
Quad on pense "Evangile de saint Marc", il faut toujours penser "Evangile de saint Pierre.
Cher Monsieur,
Cela a déjà été dit trois fois sur ce blog, par saint Jérôme le 25 avril 2007, par la liturgie byzantine le 25 avril 2009, par dom Pius Parsch le 25 avril de l'année dernière. Veuillez souffrir que je veille à un peu de diversité pour ne pas trop lasser mes lecteurs fidèles...
Comme chacun sait saint Marc, comme saint Pierre ne parlaient pas un mot de latin, bien qu'ils soient nés, comme Notre-Seigneur, sous la domination romaine. D'ailleurs saint Paul non plus bien qu'il ait été citoyen romain. Quant à saint Pierre il n'avait pas les moyens intellectuels pour apprendre le latin bien qu'il ait vécu les 25 dernières années de sa vie à Rome où comme chacun sait on parlait "l'araméen"... dont saint Pierre usait pour ses sermons. (trêve d'ironie : l'araméen n'est pas une langue). Et alors, la petite marmotte... Mais bien sûr...
Nous devons rester prudents,nous ne le savons pas pour le latin.
Et s'ils le parlaient,nous ne connaissons absolument pas leur degré de maîtrise de cette langue.
Cher Yves, merci de votre topo. Mais je ne pouvais, de moi-même, savoir que cet élément important, relatif à l'Evangile selon saint Marc, a déjà été signalé sur le blog, par ailleurs. Et 2007, 2009, entre autres, c'est déjà un peu loin de 2013.
@ Denis Merlin, disant : "Quant à saint Pierre il n'avait pas les moyens intellectuels pour apprendre le latin ".
Ne déprécions jamais, par des termes (involontairement) abrupts, les saints de Dieu. Après tout, que savons-nous de ce point précis, relatif à saint Pierre ? Qui nous dit qu'en 25 ans (traditionnels, mais d'un séjour sûr et certain) passés à Rome, le Prince des Apôtres n'avait fini par bien connaître la langue latine ?... Qu'en savons-nous de formel ? N'oublions pas l'action ineffable de l'Esprit-Saint, à cet égard : souvenons-nous que ce séjour romain a eu lieu APRÈS la Pentecôte et le don des langues les plus diverses immédiatement et totalement accordé aux Douze (cf. les Actes). C'est de but en blanc qu'ils parlèrent soudain les diverses langues usuelles du monde d'alors.
Après, que l'Evangile selon saint Marc n'ait pas été originellement dicté en latin, cela relève d'autres raisons.
A tort ou à raison, je trouve que la caractère le plus marquant de l'évangile selon saint Marc est son insistance sur le combat entre le bien et le mal, entre l'obscurité et la lumière.
Vous avez parfaitement raison. Par ailleurs, l'Evangile selon Marc est aussi l'Evangile de la Théophanie ; c'est lui qui insiste le plus sur la Seigneurie du Christ, Dieu fait homme. Et pour cause : il a été dicté par l'Apôtre qui, le premier de tous, a confessé : "Tu es le Christ ! le Fils de Dieu Vivant," méritant alors de s'entendre dire : "Tu es heureux, Simon fils de Jonas. (...) Et moi je te dis : "Tu es Pierre, et sur cette pierre (...) Et les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle." (S. Matth.)
A Dranem.
"2007, 2009, entre autres, c'est déjà un peu loin de 2013."
Vous avez raison. Si ce n'est pas tout à fait la préhistoire, c'est quand même très proche du moyen âge. Et comme en ces temps-là il n'y avait pas internet, on ne peut pas retrouver ce que j'écrivais.
Je suis donc condamné à répéter tous les ans la même chose. Comme une sorte de Sisyphe électronique.
A moins qu'il y ait une faille dans votre raisonnement et qu'il y ait une rubrique "archives" dans la colonne de droite, et une fonction "rechercher" dans la colonne de gauche.