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Notules sur un concile (19) "Gaudium et spes" (4)

Chapitre II : L’essor de la culture. Sans intérêt.

Chapitre III : La vie économico-sociale. Nouvel exposé de la doctrine sociale de l’Eglise. Quelques rappels utiles (mais il vaut mieux lire les grandes encycliques sur le sujet), et une triste perle : « Beaucoup d’hommes, surtout dans les régions du monde économiquement développées, apparaissent comme dominés par l’économique : presque toute leur existence personnelle et sociale est imbue d’un certain “économisme”, et cela aussi bien dans les pays favorables à l’économie collectiviste que dans les autres. » C’est tout ce qu’il y aura sur le communisme soviétique dans cette seconde partie de la constitution sur « le monde de ce temps » : le regret qu’il soit imbu d’un certain économisme, comme le sont de nombreuses personnes dans le monde capitaliste…

Chapitre IV : La vie de la communauté politique. On relève cette mystérieuse condamnation :

« On rejette au contraire toutes les formes politiques, telles qu’elles existent en certaines régions, qui font obstacle à la liberté civile ou religieuse, multiplient les victimes des passions et des crimes politiques et détournent au profit de quelque faction ou des gouvernants eux-mêmes l’action de l’autorité au lieu de la faire servir au bien commun. »

Il ne s’agit manifestement pas du communisme, mais des autres formes de dictature. Il n’y a pas de condamnation parallèle concernant le communisme.

Chapitre V : La sauvegarde de la paix et la construction de la communauté des nations. Section 1 : « Eviter la guerre ». C’est un long texte qui se termine par un paragraphe intitulé « Vers l’absolue proscription de la guerre ». Sic. Le port de lunettes roses, ça fait rêver grave… genre « Peace and love », sans même la marijuana…

Section 2 : « La construction de la communauté internationale ». Ici encore, on tombe sur une triste perle :

« Une grande diversité des systèmes économiques et sociaux se présentent : il est à souhaiter que les hommes compétents puissent y trouver des bases communes pour un sain commerce mondial, ce qui sera bien facilité si chacun renonce à ses propres préjugés et se prête sans retard à un dialogue sincère. » Rappelons qu’on parle d’un monde essentiellement divisé en deux ; d’un côté l’esclavagisme communiste et de l’autre le « monde libre ». Les deux parties doivent renoncer à leurs préjugés et trouver des bases communes pour un sain commerce mondial, enseigne le concile… Devait-on considérer le goulag comme un préjugé ?

 

Note sur le péché originel

Tant du côté « traditionaliste » que du côté « progressiste », tous ceux qui veulent voir Vatican II comme une rupture soulignent que le concile n’a pas parlé du « péché originel ».

Certes, l’expression « peccatum originale » ne s’y trouve pas. Mais la chose s’y trouve. Et de façon bien plus précise que si l’on s’était contenté de glisser ici et là dans le texte un « peccatum originale ».

Dès le début de Lumen gentium, le concile rappelle que Dieu a créé les hommes et a voulu les élever à la participation à sa vie divine, que ceux-ci sont « devenus pécheurs en Adam » , mais qu’il ne les pas abandonnés.

L’expression « devenus pécheurs en Adam » (qui renvoie à saint Paul, notamment l’épître aux Romains) évoque clairement le péché originel : avant de pécher personnellement, je suis pécheur dans le péché d’Adam. Le texte latin dit : « eosque lapsos in Adamo » : ceux qui sont tombés en Adam, ceux qui participent de la chute d’Adam.

Deux décrets, celui sur l’apostolat des laïcs, et celui les moyens de communication sociale, évoquent l’« originalis labes ». Le premier parle des hommes « originali labe affecti », et le second de l’homme « originali labe vulneratum ». La traduction française dit « atteints par la faute originelle », et « blessé par le péché originel ».

On trouve donc l’expression « péché originel » dans la traduction française. Mais le mot latin est « labes ». Remarquable mot : il veut dire à la foi la chute et la tache, la souillure. C’est le meilleur mot latin qu’on puisse trouver pour définir ce qu’a été la faute, le « péché », d’Adam, ou plutôt sa conséquence.

Ce péché est en effet ce qui fait chuter le monde de l’origine dans le monde souillé du péché, le nôtre.

Et sur ce point il y a une autre expression remarquable du concile, au n. 13 de Gaudium et spes :

« In iustitia a Deo constitutus, homo tamen, suadente Maligno, inde ab exordio historiæ, libertate sua abusus est, seipsum contra Deum erigens et finem suum extra Deum attingere cupiens. » La traduction officielle dit : « Établi par Dieu dans un état de justice, l’homme, séduit par le Malin, dès le début de l’histoire, a abusé de sa liberté, en se dressant contre Dieu et en désirant parvenir à sa fin hors de Dieu. »

Dès le début de l’histoire. La latin dit : « ab exordio historiæ ». Ce qui en dit beaucoup plus, et de façon plus précise. « Exordium », c’est à la fois le début, le commencement, le principe, l’origine… Et la préposition « ab », elle indique la provenance, l’origine… Nous avons deux mots qui indiquent l’origine, et une origine principielle. Il s’agit du moment précis où le monde bascule, où le jardin de la vie originelle devient la friche du péché et de la mort.

Je ne sais pas qui a trouvé cette expression « ab exordio historiæ », mais je constate qu’on retrouve le même mot « exordium », pour évoquer la même réalité, dans le traité de saint Ambroise sur l’évangile de saint Luc. Commentant le passage sur la crucifixion, l’évêque de Milan rappelle la tradition juive selon laquelle le Golgotha s’appelle lieu du crâne parce que là fut enterré Adam, et il dit : « Congruebat quippe ut ibi vitæ nostræ primitiæ locarentur, ubi fuerant mortis exordia » : il convenait que les prémices de notre vie soient placés à l’endroit où il y avait eu le début (l’origine, le principe) de la mort.

Commentaires

  • Dommage que vous ayez un sorte de parti pris de dénigrement en abordant ce texte. C'est votre côté "intégriste" ;-)

    Moi je trouve les considérations sur la culture merveilleusement instructives… Je lis et relis ce passage et ne m'en lasse pas.

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