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C’est lui !

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L’humoriste qui a écrit le discours de Nicolas Sarkozy au Puy-en-Velay n’est pas Henri Guaino, mais un petit nouveau du nom de Camille Pascal (selon le JJD qui brosse son portrait – merci au Salon Beige).

Son meilleur gag, jusqu’ici, est qu’il est… agrégé d’histoire.

Il est vrai que Cécile Duflot a un diplôme d’études approfondies en géographie…

Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’exceptionnel talent comique de Camille Pascal, voici mon article de Daoudal Hebdo N° 118 :

On a beaucoup parlé du discours de Nicolas Sarkozy au Puy-en-Velay, où il magnifie l’héritage chrétien de la France. En fait, entre deux envolées lyriques sur la France chrétienne, il parle aussi de l’héritage musulman, de l’héritage juif, de l’héritage des Lumières… Mais surtout, il dit des absurdités. Ou plutôt on lui en  fait dire. Je ne sais pas si le rédacteur est Henri Guaino, mais si c’est le cas il ferait bien de se trouver une autre occupation. Quoi qu’il en soit, puisque c’est le président qui parle, c’est le président qui dit des âneries. Enormes.

Première ânerie : les architectes du moyen âge

Citation :

"Il y a près de mille ans, des architectes inspirés qui ne disposaient pas d'autres moyens techniques que leur talent et que leur foi eurent l'idée folle de jeter dans le vide la nef de leur église pour l'affranchir des contraintes naturelles qui la bridaient et faire ainsi de ce chaos volcanique originel du mont Anis, le point d'appui d'un formidable viaduc spirituel lancé vers le Ciel."

Magnifique, n’est-ce pas ? Mais absurde. Des architectes n’ayant pas d’autres moyens techniques que leur talent et leur foi n’auraient jamais pu construire une quelconque cathédrale. Ces architectes inspirés étaient d’abord des architectes qui disposaient de moyens techniques qui stupéfient encore les architectes d’aujourd’hui, et quiconque regarde vraiment une cathédrale. C’était le temps des francs-maçons véritables, dont le secret n’était pas un catalogue de fantasmes et une couverture pour les complots idéologiques, mais le moyen de préserver des techniques toujours plus audacieuses.

Deuxième ânerie : les caractères « soufiques »…

Citation :

"Il est difficile de passer devant les antiques portes de cèdre de la Cathédrale et leurs inscriptions en langue soufique sans être impressionné et ému de cette rencontre entre la langue de l'Islam et l'architecture romane !"

La langue soufique… Les soufis n’ayant pas de langue particulière, il n’y a pas de langue soufique. D’ailleurs soufie serait suffisant. Le mot qu’il fallait utiliser est « coufique ». Mais il n’y a pas non plus de « langue coufique ». Il y a un caractère coufique, qui est le plus ancien style de calligraphie arabe, emprunté au syriaque.

Il y a deux portes, qui se répondent. L’une est sculptée de scènes de l’enfance du Christ, l’autre de la Passion. Sur la première il y a une frise formée en effet de caractères coufiques. Toujours les mêmes, indéfiniment répétés (comme les grecques sur les vases antiques). Sur l’autre porte, cette frise est remplacée par un entrelacs, avec les mêmes fleurons qui ornent les lettres coufiques de la première. Il s’agit donc à l’évidence d’un simple motif décoratif, non d’une proclamation islamique (dont on ne voit pas ce qu’elle ferait sur une porte glorifiant le Christ).

Certes, en 1938, l’orientaliste Georges Marçais, réfutant les interprétations antérieures, a établi que l’inscription est almlk llh, (al-moulkou li-llah), c’est-à-dire « la souveraineté à Allah » (ce qui est clairement une formule coranique). Mais pour obtenir ce résultat il faut admettre que l’artiste (qui signe Gauzfredus : Geoffroy) a inversé la dernière lettre du premier et du second mot : il ne connaissait pas l’arabe, il a recopié un motif décoratif qu’il a trouvé sans doute sur un tissu arabe comme il en circulait beaucoup (déjà) à l’époque. On peut voir ainsi en d’assez nombreuses églises médiévales des lettres arabes (mais sans signification, contrairement à celle du Puy) utilisées pour la décoration. Enfin, contrairement à ce qu’on pourrait croire, le motif n’est pas d’origine espagnole. Si l’inscription a été longtemps mystérieuse, c’est parce que le « m » n’est pas du tout écrit comme on l’écrivait dans l’Espagne musulmane, mais comme on l’écrivait à Kairouan (Tunisie).

Troisième ânerie : la Vierge noire

Citation :

"Il est difficile de rendre visite à la statue de la vierge qui (…) est l'objet depuis des siècles de la plus grande dévotion, sans s'interroger (…) sur le symbole que représente justement une Vierge Noire. (…) En voyant cette vierge noire, je me disais : « quelle force que cette vierge en majesté, dont la peau n'avait pas la même couleur que celle des fidèles qui venaient la vénérer au moyen âge. »"

On ne demande pas au plumitif de Nicolas Sarkozy de connaître les pères de l’Eglise, ou simplement la liturgie catholique (encore que, quand on aborde un tel sujet…), mais faire de la vierge noire un emblème de l’antiracisme, il faut oser…

« Je suis noire mais belle » : cette parole de l’Epouse du Cantique des cantiques, dans la tradition catholique, a toujours été appliquée à la Mère de Dieu. Les fidèles du moyen âge le savaient, car c’est dans la liturgie. La Sainte Vierge est noire notamment quand elle représente l’Eglise, qui est sainte et composée de pécheurs. Et le croyant qui la regarde voit que son âme à lui est également noire, par ses péchés, et belle, parce que rachetée par le Christ. C’est aussi l’Eglise noircie par les persécutions, par sa traversée dans ce monde hostile et sale, et il en est de même du fidèle. Ce n’est pas la force de l’idéologie antiraciste du Xe siècle… mais celle de la théologie la plus traditionnelle.

4e ânerie : la synagogue de Clermont

Citation :

"il y a quelques semaines, j'ai reconnu et salué les racines juives de la France. Grégoire de Tours, le plus ancien de nos historiens, qui dans les mêmes pages de son Histoire des Francs, parle pour la première fois non seulement du sanctuaire du Puy-en-Velay mais de la synagogue de Clermont ! C'était en Auvergne déjà et Grégoire de Tours écrivait il y a près de 15 siècles !"

 En effet. Et il y avait beaucoup de juifs à Clermont. Néanmoins l’exemple est très mal choisi. Car si Grégoire de Tours parle de la synagogue de Clermont, c’est pour dire qu’elle fut rasée par une foule de chrétiens en colère après l’agression dont avait été victime un juif converti, et qu’après un magnifique discours de l’évêque Avit, plus de 500 juifs se convertirent (et les quelques autres partirent à Marseille).

Pour les racines juives, c’est aussi raté que pour les racines musulmanes que révélerait la porte de la cathédrale…

Commentaires

  • Une des premières victimes de l'éducation dite nationale!
    Merci M.Daoudal pour vos précisions érudites. J'espère que l'élève Pascal pourra en profiter mais si l'on peut imaginer que les bourdes n'étaient pas forcément que fautes d'étourderie.

  • Pas d'accord du tout avec vous, mais je le sais depuis longtemps, que je ne suis pas d'accord.

    Les synagogues existaient en Gaule. Ce sont elles qui ont apporté le christianisme. C'est pourquoi il est vrai que nous avons des racines juives, même si comme dans les couples le ménage chrétiens/juifs n'est pas toujours allé fort au cours des différentes époques de l'histoire. Si vraiment, une synagogue a été brûlée, ce n'est pas à l'honneur de nos ancêtres.

  • Pascal comme conseiller du Président, ça alors !

    Ah non, il est de Montpellier et il ne se prénomme pas Blaise. C'est peut-être quelqu'un de la famille car de Clermont-Ferrand à Montpellier, il n'y a pas loin.

  • Le probleme avec les autodidactes d'extreme droite c'est qu'ils sont incapables de faire la difference entre l'esprit qui leur echappe et la lettre qui les aveugle

  • Je croyais que la vierge était "noire" parce que représentant la matrice donc la terre?? Monsieur j'ai faux?

  • A Castelrey

    Ça c'est le symbolisme païen et pseudo-alchimique. On peut aussi le reprendre, car il correspond à un aspect de la liturgie mariale latine. Mais ce n'est pas le premier.

  • A Constance B

    Le problème avec les contradicteurs d'extrême gauche c'est qu'ils sont incapables de formuler le moindre argument.

  • @ M. Daoudal, : merci, bonne fête de Saint Joseph!

  • Alors quand on ignore la chrétienté, ça ne vous plaît pas (moi non plus) mais quand on la salue, ça ne vous plaît pas non plus!
    Que sont ces détails en regard du message que voulait faire passer Sarko et qui devrait vous plaire : reconnaître les racines chrétiennes de la France ?
    Toute vos critiques sont d'ailleurs mauvaises:
    -dans le 1) le but était de saluer les prouesses des architectes du M.A. et alors ?
    -dans le 2) vous ne pouvez ignorer les interférences culturelles et artistiques Occident/Orient : encore une fois tout à la gloire des artistes Chrétiens qui savaient tout assumer dans cet art Roman admirable.
    -Dans le 3) il y a plusieurs thèses pour expliquer la "noirceur" (de teint) des Vierges Noires (et certains Christ, ex: celui de Riom) pas seulement la thèse théologique. cf: beaucoup d'ouvrages sur la question.
    -Et pour le 4è point, je suis effarée de voir que vous ne voyiez pas l'occasion que vous auriez de REMERCIER ce Camille Pascal d'avoir tiré un voile pudique sur ce méfait commis par des Chrétiens contre les Juifs!
    Monsieur Daoudal, vous êtes d'une mauvaise foi et d'un parti-pris ridicule et dépassé. Sortez de votre mini-chapelle, tout ceci est stérile et facteur d'aveuglement et de division.

  • Monsieur Daoudal apporte beaucoup. Le problème c'est son anti-thomisme (dont une bonne partie du monde moderne est sorti) qui lui fait dériver sur certains sujets. Mais cela dit, il apporte notamment sur les questions de théologie, de politique, de doctrine sociale, on ne peut dire que son combat est stérile.

  • Monsieur Daoudal apporte beaucoup. Le problème c'est son anti-thomisme (thomisme dont une bonne partie du monde moderne est sorti) qui le fait dériver sur certains sujets. Mais cela dit, il apporte notamment sur les questions de théologie, de politique, de doctrine sociale et encore d'autres choses que j'oublie, on ne peut dire que son combat est stérile.

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