L'Homme nouveau, dans son numéro daté de ce jour, lance un appel à prier et à jeûner pour le pape (appel dont je m'aperçois qu'il a été publié sur internet dès le 16 avril).
Mais on ne jeûne pas pendant le temps pascal. Même pour le pape.
La Fraternité sacerdotale Saint-Pierre avait lancé une campagne consistant à offrir son jeûne de carême pour le pape. Une excellente initiative à laquelle je m'étais associé.
Mais le carême est passé. Nous sommes avec le Christ ressuscité.
« Les disciples de Jean et les Pharisiens observaient le jeûne. Ils vinrent lui dire : "Pourquoi, tandis que les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens observent le jeûne, vos disciples ne l'observent-ils pas?" Jésus leur dit : "Les amis de l'époux peuvent-ils observer le jeûne pendant que l'époux est avec eux? Aussi longtemps qu'ils ont avec eux l'époux, ils ne peuvent observer le jeûne. Mais des jours viendront où l'époux leur sera enlevé, et alors ils observeront le jeûne en ce jour-là." »
Commentaires
Il s'agit d'une erreur de nos amis de l'Homme nouveau. Je ne luis jetterai pas la pierre pour autant.
Je crois avoir lu quelque part que le jeûne du dimanche était une pratique sataniste.
Mais nous pouvons offrir pour le pape nos confessions, nos communions, notre récitation du "Régina Caeli", notre assistance à la messe et, en général, toutes nos bonnes oeuvres.
N'oublions pas aussi que le dimanche ne nous dispense pas de nous restreindre dans la nourriture pour motif de santé...
Le jeûne pris comme pénitence peu bien sûr s'observaer à la discrétion de chacun, quand chacun le souhaite.
Il est bien entendu à distinguer du jeûne d'observance que l'Eglise nous commande et d'ailleurs plus pendant tout le carême, comme cela nous était demandé auparavant, mais seulement le mercredi des cendres et le vendredi saint.
Conclusion : le jeûne en tant que pénitence peut bien sûr se pratiquer quand on le veux.
Bien amicalement.
Ils ont les mains purs, mais ils n'ont pas de mains. L'action proposée par l'Homme Nouveau s'étend jusqu'au 29 juin (il suffit de savoir lire) et nous ne serons plus pendant le temps pascal.
À cela s'ajoute les justes remarques de Sorel. Je suis vraiment surpris de cette façon de prendre les choses et de les présenter.
Cher monsieur Sorel,
Etant un indécrottable rétrograde, je reste englué dans une liturgie préconciliaire qui me parle du jeûne tout au long du carême, qui m'incite au jeûne chaque jour du carême, et qui m'explique pourquoi je dois jeûner pendant ces 40 jours, à l'exemple de Jésus, Moïse et Elie.
La libération de Pâques implique alors la délivrance du jeûne, qui ne peut plus avoir cours "in hoc paschali gaudio". Certes, il y a eu des ascètes de compétition qui jeûnaient toute l'année. Mais ils n'ont jamais demandé aux autres de pratiquer une telle mortification. En dehors de tels cas, pour jeûner pendant le temps pascal, il faut ne pas avoir jeûné pendant le carême, car c'est véritablement inhumain de reprendre le jeûne alors qu'on vient d'en être libéré. Et alors il est quand même pour le moins curieux de s'astreindre à un jeûne qui est en contradiction avec la liturgie du temps si l'on n'a pas jeûné avec le Christ pendant les 40 jours du désert.
Bonjour!
Le ton péremptoire de votre post me surprend.
L'ancien code prescrivait en effet le jeûne (et l'abstinence) pour la vigile de la Pentecôte et tous les jours des Quatre-Temps, donc aussi ceux de la Pentecôte (can. 1252, § 2). Il n'est donc pas contraire à la Tradition de faire ainsi.
Quant à l'obligation, il est certain qu'elle ne touche plus que le Mercredi des Cendres et le Vendredi saint.
Bien à vous.
Alexandre
« Il est des hommes charnels qui ne savent pas ouvrir leurs yeux pour contempler les biens spirituels, si ce n'est à l'occasion de quelque incident corporel qui leur donne l'impulsion. L'Eglise a dû chercher, pour les émouvoir, un moyen proportionné à leur faiblesse. Dans ce but, elle a disposé le jeûne quadragésimal, qui est la dîme de l'année offerte à Dieu, en sorte que cette sainte carrière ne doive se terminer qu'à la solennité de Pâques, et qu'ensuite viennent cinquante jours consécutifs, durant lesquels il ne se rencontre pas un seul jeûne. Il advient de là que les hommes mortifient leurs corps, étant soutenus par l'espérance que la fête de Pâques viendra les délivrer de ce joug de pénitence; ils préviennent par leurs désirs l'arrivée de la solennité; chacun des jours du Carême est pour eux comme la station du voyageur; ils les comptent soigneusement, dans la pensée que le nombre en décroît progressivement; et c'est ainsi que cette auguste fête désirée de tous devient chère a tous, comme l'est la lumière à ceux qui cheminent dans l'obscurité, la source jaillissante à ceux qui ont soif, et la tente dressée par le Seigneur lui-même au voyageur fatigué. »
Rupert de Deutz, cité par Dom Guéranger, qui insiste sur le contraste entre le carême de pénitence et le temps pascal qui rend "la liberté à nos corps en même temps qu'aux sentiments de nos âmes".
Rupert de Deutz savait bien qu'il y avait le jeûne de la vigile de la Pentecôte, mais cette préparation à la Pentecôte est une exception dans le temps pascal.
En ce qui concerne les quatre temps, s'ils sont dans le temps pascal liturgique, ils ne sont pas dans les "50 jours" du temps pascal pris au sens strict. En outre ils sont davantage une action de grâces qu'un temps de pénitence. Seule la liturgie du samedi évoque le jeûne.
Pendant les 40 jours, la liturgie parle du jeûne tous les jours. Pendant les 50 jours, elle ne parle jamais de pénitence.
J'avais l'impression d'énoncer seulement une évidence. Je suis très étonné des réactions.
Je me souviens d'avoir lu un texte de saint Jean Chrysostome où celui-ci dit quelque chose comme, maintenant c'est Pâques et tous sont dans la joie, ceux qui ont jeûné et ceux qui n'ont pas jeûné. A contrario (oui je sais que les raisonnements à contrario ne donnent pas des conclusions nécessaires), donc a contrario il n'est plus question de jeûne.
Cela dit, est-il péché de jeûner ? Je ne sais pas, je ne crois pas en tous cas dans le doute, ce n'est pas péché.
Cela dit enfin, il est vrai que les satanistes jeûnent le dimanche, c'est un motif suffisant pour moi (sans parler de péché ou de faute) pour ne pas jeûner. Et pendant le temps pascal, c'est tous les jours dimanche (en quelque sorte).
En quoi votre argumentation appuie-t-elle ce que semble dire votre premier titre, à savoir qu'il est INTERDIT de jeûner durant le temps pascal? J'aimerais bien un texte du Magistère qui le dise et non celui d'un maître privé, fût-il de Deutz (mais le dit-il?).
Je concède qu'il n'est pas dans l'esprit de la liturgie pascale de le faire (comme aussi peut-être de réciter certains mystères du Rosaire), mais ce n'était pas ici la question.
Quant à exclure l'Octave de la Pentecôte de la cinquantaine pascale - argument de nos chers réformateurs de 1969 (Calendarium Romanum, pp. 56-57) - Flicoteaux y répond ainsi: "Cette objection n'a guère d'importance, car, aux yeux de l'Eglise, les jours de l'octave n'en font moralement qu'un seul avec celui de la fête elle-même. En conséquence, le nombre cinquante garde, liturgiquement, toute sa rigueur." (Le rayonnement de la Pentecôte, Paris, 1954, p. 112).
Sur ce dernier point, le Magistère récent, il est vrai, va dans le sens de ladite objection, même si les conditions de suppression, rappelées par Mgr Jacques Masson dans ses Souvenirs, font froid dans le dos...
Je n'ai absolument pas dit qu'il était "interdit" de jeûner pendant le temps pascal. Je ne raisonne jamais en termes de halal et de haram. Quand je dis "on ne jeûne pas pendant le temps pascal", je veux dire, comme on dit familièrement: "ça ne se fait pas", parce que n'est pas en phase avec le temps liturgique.
Que vous le vouliez ou non, les quatre temps d'été, c'est après la Pentecôte. Cela dit, ils avaient été déplacés, pour ne pas tomber pendant la fin du temps pascal, et c'est Grégoire VII qui les y a remis. Ce n'était sans doute pas une bonne décision.
Quant à suggérer que je sois favorable à la suppression de l'octave de la Pentecôte, c'est grotesque. J'ai arrêté d'aller à la messe de Paul VI à côté de chez moi un lundi de Pentecôte, en découvrant avec stupeur que c'était un lundi ordinaire (c'était il y a très longtemps). En 2007, je commençais ainsi ma note: "Luther n'avait pas eu l'impiété de supprimer l'octave de la Pentecôte."
Où ai-je suggéré que VOUS vouliez supprimer l'Octave de la Pentecôte? Vous me paraissez trop attaché à la forme dite extraordinaire pour cela. J'ai simplement dit que considérer l'Octave pentecostale comme excédentaire était l'argument principal de ceux qui l'ont supprimée. Nec plus nec minus.
Je pensais que l'on pouvait dialoguer ici, je crains de m'être trompé. Peut-être aimez-vous ferrailler, moi je préfère discuter. Je vous laisse donc avec ce que vous avez vous-même appelé une évidence.
Cordialement et bonne fête de saint Joseph artisan.