C'était le titre d'un article d'Antonella Randazzo, sur un blog italien, traduit et publié par Benoît et moi le 14 juillet 2009. Toute ressemblance avec une affaire qui agite les blogs et les médias ces jours-ci ne serait pas fortuite (même s'il ne s'agit pas exactement des mêmes personnes ni des mêmes situations).
La chose qui renforce le plus un système de pouvoir est l'incapacité des dominés de percevoir ce système et de se mobiliser pour s'y opposer. Actuellement dans notre pays la plupart des gens sont en mesure de voir que dans leur vie il y a quelque chose qui cloche, qu'il s'agisse des factures qui augmentent, du salaire qui devient toujours plus maigre ou de la nourriture toujours plus chère et frelatée.
Ne pas voir les problèmes est impossible, mais malgré cela, beaucoup de personnes persistent à l'intérieur de la propagande et ne sont pas en mesure de voir la vraie réalité politique, économique et financière.
Différentes failles du pouvoir actuel apparaissent évidentes, d'autres moins. Certaines apparaissent seulement à une minorité, ceux qui savent observer la réalité avec plus d'attention.
Beaucoup ne s'aperçoivent pas, par exemple, de l'actuel « club » de faux dissidents qui se forme en Italie. Il s'agit de personnes qui dénoncent la désinformation, la corruption ou les injustices, mais se gardent bien d'indiquer les vrais responsables de tout cela, au contraire, lorsqu'ils peuvent, ils exaltent ou prennent en exemple justement ceux qui en réalité sont les auteurs des problèmes de notre pays.
De qui s'agit-il ? Si peu de gens percent à jour ces faux dissidents, c'est qu'il s'agit de personnes estimées, aimées, idéalisée ou de toutes façons considérées à tort comme en dehors du système. C'est justement en vertu de la confiance qu'elles suscitent qu'elles ont été soudoyées et ont une certaine visibilité médiatique, tout en dénonçant la « désinformation ».
Les faux dissidents se reconnaissent parce qu'ils jouissent d'un espace médiatique dont un vrai dissident peut seulement rêver. Ils sont comme schizophrènes : ils déplorent le manque d'attention médiatique mais en réalité, ils en profitent (par exemple ils écrivent dans les grands titres) ; ils criminalisent le système actuel mais ils lui appartiennent, recevant de l'argent de sociétés appropriées bien insérées dans le système ; avec les mots, ils voudraient faire la révolution, mais ils se gardent bien d'aller au-delà des limites établies. En outre, ils ont des nombreux paladins qui les défendent à épées tirées lorsque quelqu'un ose mettre en doute leur honnêteté....
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Il est de fait que ces personnages, dissidents feints, sous la direction des sociétés qui les dirigent et les contrôlent, cherchent à créer une nouvelle formation politique, ou à avoir plus de poids politique. L'objectif serait celui de domestiquer la dissidence, induisant même les plus sceptiques à voter pour ces formations pseudo-dissidentes, afin de savourer la jouissance de voir devenir inoffensifs et rentrer dans la troupeau ceux-là même qui autrement n'y seraient pas. Et la joie se fait encore plus intense lorsqu'il s'agit « d'aligner » des personnes qui se sont aperçues que beaucoup de choses ne vont pas. La victoire est encore plus grande lorsqu'ils nous font croire que nous agissons contre eux, alors que nous tombons dans leurs pièges.
Sur quoi se base le piège ? Il est difficile de prévoir combien tomberont dedans, mais il est possible de comprendre les caractéristiques que cette formation aura : elle parlera de chasser les corrompus, « de nettoyer » le Parlement, d'améliorer les conditions des travailleurs ou d'abaisser les traitements et le nombre des parlementaires.
Les nouveaux personnages entreront dans l'arène politique exactement comme tous les autres, et comme les autres ils auront recours aux mêmes techniques. Quelques techniques, par exemple, ont été décrites par une brochure écrite par l'Association espagnole indépendante « le Prosperidad », qui a fait une série de recherches pour faire comprendre aux citoyens comment les mass media les dupent. Je cite quelques morceaux de l'intéressant livre (Escuela Popular "La Prosperidad" di Madrid, "Tecniche di disinformazione" Datamews, Roma 2004) :
« Dans une société qui veut être considérée démocratique il est nécessaire que l'information semble libre... le résultat est un système vaste et subtil de manipulation... ...."
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Un système qui fabrique même les dissidents pourrait être mis sous une botte de fer, vu que les gens ne seraient pas en mesure de voir d'autres « luttes » contre le système que celles voulues par le système même. Et beaucoup encenseraient les faux dissidents, disposées à insulter les vrais pour les protéger!