Qui est-ce que l'UE condamne ? On ne le saura pas. "L'UE condamne fermement l'utilisation de passeports falsifiés de pays membres de l'Union européenne et de cartes de crédits obtenus via le vol d'identités de citoyens européens."
De quoi s'agit-il ? Si vous n'avez pas suivi l'affaire de l'assassinat d'un dirigeant du Hamas à Dubaï, vous ne pouvez pas le savoir. Car il s'agit de cela.
Il est aujourd'hui établi que le cadre du Hamas a été tué par des personnes utilisant des passeports européens. En clair, par un commando du Mossad qui s'était fait faire les dits passeports pour passer la douane incognito.
Mais il ne faut pas dire qui a utilisé les passeports, car ce serait impliquer directement le gouvernement israélien, et ça, c'est impossible. Le gouvernement israélien est le seul gouvernement au monde qui bénéficie de cette immunité et de cette impunité.
Et le communiqué des 27 embrouille tout. Exprès, évidemment. Il parle de « passeports falsifiés ». Or il est établi qu'un, au moins, de ces passeports, n'était pas falsifié : celui d'un Israélien qui avait obtenu un passeport allemand à Cologne sous le nom de Michael Bodenheimer figurant sur son passeport israélien. De même, il ne s'agit pas, au moins dans ce cas, d'un vol d'identité de citoyen européen...
Dans un premier temps, on avait parlé de faux passeports. Mais la police de Dubaï a établi qu'ils étaient authentiques. Du reste, ce matin même, Miguel Angel Moratinos, au nom de la présidence espagnole de l'UE, déclarait : "Nous sommes extrêmement préoccupés que des passeports européens, qui sont des documents légaux rigoureux, aient pu être utilisés à des fins différentes de leur usage." Alors, pourquoi le communiqué officiel dit-il autre chose ?
Quant à Nicolas Sarkozy, il a indiqué avoir fait part au ministre émirati des Affaires étrangères de "la condamnation sans appel de la France de ce qui n'est rien d'autre qu'un assassinat, c'est clair, c'est simple et c'est précis". Outre que c'est pour le moins tardif (l'assassinat remonte au 20 janvier), ce n'est ni clair ni précis tant qu'on ne dit pas qui est l'assassin... Toutefois, Nicolas Sarkozy a indiqué dans la foulée que le chargé d'affaires israélien était allé au ministère français des Affaires étrangères "à propos de l'utilisation d'un faux passeport français dans le cadre de cette affaire"... On est tout près de la ligne rouge...
Tous ces mystères sont d'autant plus ridicules que la presse israélienne désigne ouvertement le Mossad, puisque c'est une évidence.
Et ce qui est une autre évidence est que le Mossad n'est décidément plus ce qu'il était...