Un mouvement politique, pour le moment informel, est apparu aux Etats-Unis, intitulé Tea Party, le « parti du thé », en référence à une révolte née à Boston en 1773 contre les taxes anglaises.
Hier, l'Associated Press a diffusé deux dépêches totalement contradictoires sur ce mouvement anti-taxes et anti-pouvoir central, à l'occasion de son congrès à Nashville, où Sarah Palin a fait un tabac. Voici les deux dépêches. La première est de 5h 58, la deuxième de 14h 53.
Sarah Palin annonce une nouvelle révolution conservatrice en Amérique
AP | 07.02.2010 | 05:48
L'ex-candidate à la vice-présidence Sarah Palin a estimé samedi que "l'Amérique est prête pour une nouvelle révolution", s'en prenant à son adversaire Barack Obama lors d'un rassemblement conservateur à Nashville, Tennessee.
Sous le nom de "tea party", le meeting faisait référence à un fait d'histoire, le rejet des impôts anglais par les premiers colons arrivés aux Etats-Unis. Le groupe de Mme Palin se veut un mouvement anti-establishment, opposé au "gros gouvernement".
"Ce mouvement est à propos du peuple" a martelé la candidate républicaine de 2008, devant une foule scandant: "Le gouvernement doit être au service du peuple".
S'appuyant sur les récents échecs des démocrates dans des scrutins locaux, un an après l'élection de Barack Obama, elle s'est interrogée sur le changement promis, en demandant à ses supporters si cela avait eu un effet pour eux. Et à propos du plan de relance, elle a lancé à ce public tout acquis: "Est-ce que cela vous a beaucoup stimulés?".
Elle a invoqué la liberté "donnée par Dieu", et qualifié son mouvement "frais, jeune et fragile" d'avenir de la politique américaine, en souhaitant s'appuyer sur les citoyens de terrain. D'après elle, "les deux machines politiques des partis sont mortes de peur". L'ancienne gouverneure de l'Alaska pourrait se présenter à la prochaine présidentielle comme indépendante.
Sarah Palin tarifie ses apparitions 100.000 dollars. L'accès à cette convention de trois jours revenait 549 dollars à ses partisans. AP
Tea party en quête d'identité et de structure
AP | 07.02.2010 | 14:53
La question qui se pose aujourd'hui au mouvement politique informel du "tea party", réuni ce week-end en congrès à Nashville, est de savoir s'il pourra se transformer en une réelle force politique qui influera sur les élections et pèsera sur les choix gouvernementaux dans les années à venir.
Rappelant la percée Ross Perot au début des années 90, à la différence que personne ne l'incarne, cette coalition lâche qui réunit les déçus de la politique, républicaine comme démocrate, est aujourd'hui en quête de consensus et de structure. Née au printemps dernier parmi un électorat déçu de la politique, elle a organisé ce week-end son premier congrès national à Nashville (Tennessee), où l'idole du camp conservateur Sarah Palin a fait une apparition remarquée samedi.
Le "tea party" s'est nourri pendant un an de l'opposition au plan de relance de 787 milliards de dollars, au renflouage de Wall Street et au projet de réforme du système de santé du président Barack Obama. Chez tous ses partisans, la colère couve depuis longtemps: trop d'Etat, trop de dépenses inconsidérées, des libertés individuelles menacées.
"Il est question de liberté individuelle contre le contrôle de l'Etat. Qu'on me laisse tranquille, qu'on arrête de me taxer autant et qu'on gère de façon responsable l'argent du peuple", exhorte Ty Reynolds, 34 ans, venu de Topeka (Kansas).
Entre rejet de l'Etat et conservatisme, le mouvement "tea party" constitue un rassemblement assez hétéroclite de citoyens sans chef et sans autre consensus que: moins de taxes, moins de gouvernement.
"Il s'agit de donner la parole à des gens qui n'ont pas le sentiment d'être représentés dans aucun des partis. mais il est trop tôt pour dire comment cela va évoluer", analyse Nancy Hiser, 26 ans, de Findlay (Ohio). "Le seul consensus ici est que tout le monde est probablement opposé au programme d'Obama".
La question qui se pose aujourd'hui est donc bien de savoir si le "tea party" va se transformer en force politique qui influencera les élections et le gouvernement dans les années à venir. "Ce mouvement est en pleine maturation (...) pas en tant que troisième parti mais en tant que force sur laquelle compter dans la structure du parti traditionnel", pense Mark Skoda, un animateur radio qui a fondé une antenne du "tea party" à Memphis et co-organisé le congrès de Nashville.
Tous les participants au congrès n'ont pas une vision aussi claire de l'avenir du mouvement. "On a peur, on en a assez et on est en colère", résume Donna Henton venue de la ville de Blair (Nebraska). "Mais savoir où ça va nous mener, on n'en sait rien".
Depuis la formation de la coalition, les chefs locaux se disputent sa direction et le rassemblement semble difficile. A Nashville, des voix se sont déjà élevées pour contester la représentativité des points de vue exprimés lors de ce rassemblement.
A Washington, républicains et démocrates ont d'abord regardé le mouvement prendre forme d'un oeil prudent et circonspect. Aujourd'hui, chacun essaie de mobiliser à son profit cette énergie anti-establishment, dont le soutien pourrait faire la différence aux élections de mi-mandat de novembre.
Les Républicains aimeraient l'attirer dans leur giron, poussant même le patron du parti, Michael Steel, a s'en revendiquer comme membre. Le Grand Old Party est en effet conscient que l'apparition d'une troisième grande formation nationale pourrait amenuiser ses chances électorales en divisant le camp conservateur.
Chez les démocrates, on a d'abord diabolisé le mouvement comme émanation d'extrémistes de droite du GOP, mais le président Obama lui-même a finalement fait marche arrière, comprenant que la colère de ses militants était bien réelle, que le mouvement ne semblait faire allégeance à aucun parti et qu'il comptait même en son sein des indépendants et des démocrates modérés.
La coalition quant à elle ne s'est pas encore positionnée dans le jeu partisan. Des candidats placés sous la bannière du mouvement se sont déjà présentés à divers scrutins dans le pays en tant qu'indépendants. Parmi les militants, les avis sont partagés.
Loren et Dora Nelson, un couple d'octogénaires de Seattle, considèrent la coalition comme une façon de consolider le GOP. "Ca donne la parole à la base du Parti républicain", estime M. Nelson. Mais pour Eileen Million, 50 ans, de Huntsville (Alabama), il n'est pas forcément question de politique partisane. "C'est un mouvement populaire", juge-t-elle. "Républicain ou démocrate, ça m'est égal de savoir qui ils sont dès lors qu'ils incarnent réellement la volonté du peuple américain".
Afin de structurer la coalition, Mark Skoda a annoncé la création d'un comité d'action politique visant à faire élire jusqu'à 20 candidats lors du scrutin de mi-mandat derrière un programme commun: moins d'Etat, moins de taxes, une fiscalité plus juste, plus de droits pour les Etats fédérés et une sécurité nationale forte. AP
Commentaires
Entre ce mouvement et la mouvance Ron Paul, j'aimerais bien que des Yankees pur jus me renseignent ...
Je vais aller m' informer sur des fora la-bas, mais c'est pas toujours facile à analyser, d 'ou mon appel à l'aide !