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FMI : Poutine met son grain de sel (ou de sable)

Le ministère russe des Finances a annoncé ce matin que la Russie a officiellement présenté hier la candidature du Tchèque Josef Tosovsky au poste de directeur du FMI, ajoutant que celui-ci « serait l’homme qu’il faut au bon moment ». Le ministre tchèque des Finances a fait savoir aussitôt que « M. Tosovsky n’est pas candidat de la République tchèque ». Car le candidat de la République tchèque est celui de toute l’Union européenne, à savoir Dominique Strauss-Kahn.
Mais Josef Tosovsky a déclaré : « C’est un grand honneur pour moi d’être proposé pour le plus haut poste au Fonds monétaire international. »

Il n’est pas exclu que Vladimir Poutine veuille ainsi gêner le gouvernement tchèque, alors qu’il vient de manifester sa vive opposition à l’installation d’un radar du « bouclier » américain sur le sol tchèque.

Mais l’essentiel n’est pas là. Vladimir Poutine, comme le remarque un journal tchèque, « enfonce un coin » entre les pays de l’Union européenne. Ou plutôt, comme le souligne Jean-Marie Le Pen, il « montre la réalité de la dictature européenne » : l’unanimisme sur la candidature de Dominique Strauss-Kahn a été présenté comme allant de soi. Les candidatures sont libres, et il n’y a aucune raison que les 27 Etats membres aient un candidat commun et unique. Surtout quand ce candidat et aussi, ou d’abord, le candidat des Américains.

Car le plus important dans cette affaire est que Vladimir Poutine déchire la « règle non écrite » selon laquelle la direction de la Banque mondiale échoit à un Américain et la direction du FMI à un ressortissant d’un pays d’Europe de l’Ouest. Le Président russe « se fait ainsi le porte-parole d’économies émergentes qui ne veulent plus du pacte tacite réservant les postes au FMI et à la Banque mondiale aux ressortissants des pays les plus riches de part et d’autre de l’Atlantique », souligne Jean-Marie Le Pen, qui ajoute : « Si l’on est favorable, autrement qu’en paroles, à un monde multipolaire, on ne peut qu’accueillir avec intérêt » cette intiative.

Le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, insiste du reste sur cet aspect. « Dès que le processus de l'élection a été engagé, il est apparu clairement que la règle non écrite du candidat de l'Union européenne serait utilisée. C'est injuste envers les autres grands pays du monde, y compris des membres du G8. Le choix devrait être fait de façon professionnelle. La Russie a donné un nouvel élan à cette élection qui se fera à présent sur des bases de concurrence. »

« J'ai eu des entretiens avec les pays dits BRIC, et la proposition consistant à avoir une véritable élection, avec des candidats concurrents, a reçu leur soutien », a-t-il encore déclaré.

BRIC, c’est l’acronyme de Brésil, Russie, Inde et Chine.

Mais Dominique Strauss-Kahn, qui est à Pékin, déclarait de son côté : « J’ai remercié le Premier ministre chinois du soutien vigoureux que la Chine a décidé d’apporter à ma candidature. » Tandis que Josef Todovski disait : « Je me réjouis que ma candidature ait reçu une réaction positive des ministres des Finances et des gouverneurs (de Banques centrales) de plusieurs pays, dans toutes les régions. »

Et le ministère français des Affaires étrangères et européennes est monté au créneau en faisant savoir que Strauss-Kahn a « d'ores et déjà bénéficié d'un très grand nombre de soutiens à l'occasion de ses déplacements, notamment de la part de nombreux pays africains, et de tous les Etats membres de l'Union européenne, y compris la République tchèque ».

Josef Todovski n’a guère de chance d’être choisi, dans la mesure où ce sont en fait les Etats-Unis qui décident. Or les Etats-Unis, et la grande finance internationale, ne souhaitent pas voir venir jouer dans leur pré carré des pays comme l’Inde ou la Chine, ou la Russie. Nul doute qu’ils feront valoir – et la presse a déjà commencé – que Josef Todovsky fut membre du parti communiste tchécoslovaque et a longtemps travaillé à la Banque centrale tchécoslovaque à l’époque communiste. Un rappel qui n’a pas de sens, lorsqu’on se souvient que Todovsky, gouverneur de la Banque centrale tchèque depuis la révolution de velours, fut choisi par Vaclav Havel comme Premier ministre intérimaire en décembre 1997. Il est depuis décembre 2000 le directeur de l’Institut pour la stabilité financière de la Banque des règlements internationaux (BRI) à Berne, et il est considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de l’économie bancaire, ce qui n’est pas vraiment le cas de Dominique Strauss-Kahn.

Quoi qu’il en soit, Vladimir Poutine a lancé un pavé dans la mare. Et il lance une sorte de défi à ceux qui disent vouloir un monde « multipolaire » mais s’enferment dans leurs prérogatives de riches héritiers de la guerre froide.

Commentaires

  • Très bonne initiative de Vladimir Poutine. Même s’il y a peu d’espoir qu’elle aboutisse, il faut montrer avec fermeté que les mondialistes n’ont pas encore le monde entier à leurs bottes. C’est un bon début et, en outre, ça les touche là ça leur fait mal : l’argent.

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