Un attentat suicide a été commis hier devant l’entrée principale de la base américaine de Bagram, en Afghanistan, au moment même où Dick Cheney, le vice-président américain, s’y trouvait.
Le ministère afghan de l’Intérieur a d’abord fait état de 18 morts, dont trois soldats étrangers. La « coalition » a rapidement démenti, affirmant qu’il y avait eu trois victimes, dont un soldat américain et un soldat sud-coréen. Puis la coalition a ajouté qu’il y avait eu aussi deux victimes civiles afghanes. Puis que ces victimes étaient en fait au nombre de six. Tandis que le journaliste de l’AFP arrivé sur place constatait qu’il y avait au moins 11 victimes afghanes.
Le dernier bilan du gouvernement afghan fait état de 20 morts, dont quatre étrangers.
La volonté américaine de minimiser l’attentat est manifeste. La Maison Blanche , de même, a souligné qu’il s’agissait d’un acte « isolé », que cela ne voulait pas dire « quoi que ce soit » sur la force supposée des talibans, et que si la revendication des talibans était plausible elle ne pouvait pas être confirmée…
Cette attitude montre en réalité que les Américains accusent le coup, et durement. Leur base de Bagram est une gigantesque forteresse ultra-sécurisée. Il est tout simplement impensable qu’un terroriste puisse s’en approcher. Et il est plus impensable encore, si c’était possible, qu’un Afghan non identifié puisse arriver devant l’entrée principale au moment où le vice-président s’y trouve.
Or le fait est qu’un taliban s’est fait exploser à cet endroit, tuant vingt personnes.
« Nous avons souvent dit à propos des actes de terrorisme : un individu qui veut commettre un acte de violence et se tuer, c’est très difficile à empêcher », a rappelé le porte-parole de la Maison Blanche. Cela est vrai quand l’attentat a lieu dans la rue, dans un magasin, dans un autobus. C’est une tout autre affaire quand il a lieu dans un des endroits les plus surveillés de la planète, et quand le terroriste est passé à travers les contrôles de l’armée afghane…
Prétendre qu’il s’agit d’un acte « isolé », c’est aussi, et d’abord, prétendre qu’il n’y a là aucun message, et que c’est une pure coïncidence si l’attentat a eu lieu en même temps que la visite du super-faucon numéro 2 des Etats-Unis. Mais à qui peuvent-ils faire croire cela ?
La veille, Dick Cheney était au Pakistan, et il exprimait les « graves inquiétudes » du gouvernement américain concernant une offensive imminente des talibans. Avec 4.000 morts (insurgés, civils, policiers afghans, et 170 soldats de la « coalition »), l’année 2006 a été la plus sanglante en Afghanistan depuis l’invasion américaine.