La Vierge de Kerluan, statue en granit du XVIe siècle, avait disparu. Déjà, elle avait été cassée, pendant la Révolution, par les talibans de la République. Elle avait été ensuite réparée, et elle était l’objet d’une grande dévotion populaire. Mais en 1904 le curé de l’époque avait décidé de la faire disparaître, au motif qu’elle était « impudique ». Car elle a le sein nu et généreux (ce qui n’est pas vraiment rare) et tient entre ses doigts un téton dressé vers l’enfant Jésus. Cette superbe statue a été retrouvée au début du mois à la faveur de travaux réalisés dans la chapelle (elle-même du XVIe siècle) après le passage de vandales (le diable porte pierre…). Une paroissienne disait savoir où se trouvait la statue : sa grand-mère lui avait dit : « Elle est enterrée à côté de l’autre », à savoir de la triste Vierge en plâtre mise en place par le prude curé. De fait elle était là. La grand-mère disait aussi qu’à l’époque les paroissiens avaient été choqués qu’on leur enlève la Vierge devant laquelle ils avaient l’habitude de prier (notamment les mères pour obtenir une abondante lactation, bien sûr), et que de vieilles femmes avaient prédit que le jour où on la descendrait de son piédestal le tonnerre gronderait et réduirait en cendres les profanateurs. En fait, c’est le jour où la statue a été retrouvée, le 8 février dernier, que le tonnerre a fait trembler les murs de la chapelle. Non pas pour punir le stupide curé d’il y a cent ans, mais comme un roulement de tambour pour faire savoir que Notre Dame de Kerluan était de retour…