Le vrai tournant de la guerre américaine en Irak est que les Américains s’en prennent désormais aux chiites. Après avoir désigné de façon obsessionnelle « Al Qaïda » et ses relais sunnites comme les uniques responsables des attentats, tandis que les chiites, qu’ils mettaient au pouvoir, étaient censés être des alliés, voici que les chiites deviennent à leurs yeux tout autant responsables des troubles. George Bush en a fait sa position officielle dans son discours sur l’état de l’Union : « Les extrémistes chiites et les extrémistes sunnites sont les deux faces d’une même menace totalitaire. » Il y a un mois, le Pentagone avait déclaré dans son rapport trimestriel : « Le groupe qui a actuellement l’impact le plus négatif sur la situation de la sécurité en Irak est l’Armée du Mahdi, qui a remplacé Al Qaïda en Irak comme l’accélérateur le plus dangereux d’une violence confessionnelle potentiellement durable en Irak. »
Et les actes suivent les propos : plus de 600 miliciens chiites ont été arrêtés ces dernières semaines, parmi lesquels 16 cadres supérieurs de l’Armée du Mahdi de Moqtada Sadr.
Les Américains ont ainsi fini par prendre conscience que leurs bons alliés chiites étaient d’abord des agents de la pénétration iranienne en Irak et de la prise de contrôle du pays par l’Iran. Et leur lutte contre « l’Armée du Mahdi » est une façon de lutter contre l’Iran, un substitut de la guerre qu’ils hésitent à mener contre le régime de Téhéran.
Il n’y a pas qu’au Liban qu’il y a des guerres par procuration…