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  • 23e dimanche après la Pentecôte

    Du point de vue des antiphonaires grégoriens, ce dimanche est le dernier de l’année. Les chants du 23e dimanche sont en effet repris les dimanches suivants s’il reste des dimanches avant l’Avent. La raison en est qu’autrefois c’était effectivement le dernier dimanche de l’année liturgique. Rupert de Deutz, au début du XIIe siècle, expliquait, parmi d’autres, qu’en ce dernier dimanche l’Eglise célébrait l’entrée des juifs dans l’Eglise, qui doit se produire avant la fin du monde. Il le faisait par l’intermédiaire d’une lecture allégorique de l’histoire de Joseph en Egypte.

    Ainsi dès l’introït le Seigneur dit par la bouche de Jérémie qu’il ramènera les hébreux captifs de tous les lieux. Rupert se concentre sur les premiers mots de cet introït :

    « Le Seigneur dit : Mes pensées sont des pensées de paix et non d’affliction. Ses pensées sont toutes de paix en effet, puisqu’il promet d’admettre au banquet de sa grâce les Juifs ses frères selon la chair, réalisant ce qui avait été figuré dans l’histoire du patriarche Joseph. Les frères de ce dernier, qui l’avaient vendu, vinrent à lui poussés par la faim, lorsqu’il étendait sa domination sur toute la terre d’Égypte ; ils furent reconnus, reçus par lui, et lui-même fit avec eux un grand festin : ainsi notre Seigneur, régnant sur tout le monde et nourrissant abondamment du pain de vie les Égyptiens, c’est-à-dire les Gentils, verra revenir à lui les restes des fils d’Israël ; reçus en la grâce de celui qu’ils ont renié et mis à mort, il leur donnera place à sa table, et le vrai Joseph s’abreuvera délicieusement avec ses frères. »

    Délivrés de leur captivité spirituelle, les juifs devenus chrétiens chanteront l’action de grâces du graduel : « Vous nous avez délivrés, Seigneur, de ceux qui nous persécutaient. »

    L’alléluia et l’offertoire sont le début du De Profundis, car c’est la supplication des frères de Joseph, dont les lointains descendants diront au véritable Joseph ce qu’ils disaient alors : « Nous te conjurons d’oublier le crime de tes frères. »

    Et la communion (« En vérité, je vous le dis, tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous le recevrez et cela vous sera donné ») « est la réponse de ce même Joseph disant, comme autrefois le premier : Ne craignez point. Vous aviez formé contre moi un dessein mauvais ; mais Dieu l’a fait tourner au bien, afin de m’élever comme vous voyez maintenant et de sauver beaucoup de peuples. Ne craignez donc point : je vous nourrirai, vous et vos enfants. »

    Rupert expliquait aussi en ce sens l’évangile qui était alors celui de la multiplication des pains. Mais l’évangile actuel du 23e dimanche est beaucoup plus clairement lié à ce thème : Jésus guérit (« sauve ») une païenne sur le chemin alors qu’il va « sauver » - ressusciter - la fille du chef (de la synagogue). Saint Jérôme souligne d’une part que le huitième miracle de l’évangile de saint Matthieu devait être la guérison de la fille du chef, mais que la païenne sur le chemin, volant ce huitième miracle, a repoussé celui de la jeune juive à la neuvième place ; d’autre part que la femme est malade depuis 12 ans et que la jeune fille a 12 ans (selon saint Luc). Le Royaume (nombre 8) était préparé pour les juifs, mais ce sont les païens qui y entrent d’abord, comme par effraction. Les juifs ne pourront y entrer qu’au terme des 12 années de l’histoire du monde, où depuis le début les païens étaient malades.