Dans son commentaire de la grande interview de François publiée par les revues jésuites, Massimo Introvigne reconnaît que les propos du pape suscitent légitimement un « malaise », parce qu’il met au second plan (ou aux rencarts) la défense de la vie et de la famille, pour changer de terrain d’attaque : il ne s’agit plus de se focaliser sur la morale, mais d’en revenir d’abord aux fondamentaux de la foi. D’où le titre de l’article : « Le programme de François. Partir de la foi ». Et si l’on comprend cela, il n’y a plus de malaise.
La volonté désespérée de défendre le pape fait dire n’importe quoi.
Où est-ce que Massimo Introvigne a vu que Benoît XVI se focalisait sur les questions de la vie et de la famille ? Il en parlait parce que l’Eglise doit défendre la loi naturelle, et doit impérativement le faire lorsque la loi naturelle est attaquée comme elle l’est aujourd’hui, mais ce n’était en rien l’essentiel de son propos. Il suffit de jeter un œil sur ses catéchèses et ses homélies pour le vérifier. De même, si Jean-Paul II paraissait très attentif à ces questions, quand il en parlait c’était aussi pour aller beaucoup plus loin dans le domaine de la foi, comme l’indique le titre même de son encyclique « Evangelium vitæ ».
« Partir de la foi » ? Mais c’est ce que faisait Benoît XVI. Qui donc a institué une « année de la foi », et qui donc ne parle jamais de cette année de la foi ? Qui donc avait commencé un grand commentaire du Credo, et qui donc a saboté ce commentaire du Credo ?
Il n’est pas vrai que François commence par la foi. J’entends dire partout qu’il en revient aux « fondamentaux ». On m’a même raconté ici sur mon blog qu’il fallait en revenir au « kérygme ». Mais quand je demande où est le « kérygme » dans les homélies de François il n’y a plus personne. Parce que ces homélies ne parlent pas de la foi. Ce sont de perpétuelles petites leçons de morale au ras des pâquerettes – sans les pâquerettes, et qui évitent seulement les questions de la vie et de la famille. Et pour le reste il parle comme les prédicateurs évangélistes, parcourant tout le registre des émotions, mais sans jamais annoncer la foi, le noyau du kérygme, le Christ deuxième personne de la Sainte Trinité, vrai Dieu et vrai homme mort pour mes péchés et ressuscité, qui est assis à la droite du Père et qui me donne la vie éternelle, par les sacrements, si je me convertis et confesse mes péchés…
Et même, il se condamne à ne pas commencer par la foi, dans ces homélies qui sont systématiquement en trois points : car ces trois points sont trois bonnes attitudes, trois comportements vertueux, qui découlent des lectures du jour. Toujours la morale, jamais la foi. « Une belle homélie, une vraie homélie doit commencer avec la première annonce, celle de l’annonce du salut », dit-il pourtant. Mais je ne vois pas l’annonce du salut…
« Le malaise, ajoute Massimo Introvigne, devient stérile, quand il s'épuise dans le bavardage, dans la continuelle polémique, dans l'abandon de la bonne habitude de lire les discours et les homélies du Pape. »
Je suis donc classé d’avance parmi ceux qui polémiquent et bavardent. Mais si j’ai arrêté de lire habituellement les homélies du pape, c’est que je n’y trouvais rien. Rien pour moi, mais aussi, je le précise : rien pour ceux qui pourraient à cette occasion découvrir la foi. Je ne vois pas pourquoi ce serait honteux de le dire. Quand le roi est nu, il n’est pas habillé.